{ Changement d'air [Free]

Déjà plus d'une nuit que Ryaza avait quitté le plateau des Anges, celui où généralement ils s'entrainaient au combat, c'était du moins ce qu'elle avait pu constater avec le temps qui passait et tout ce qu'elle avait pu voir. Marchant d'un pas lent, elle déambulait dans les rues, cherchant des yeux un endroit où elle pourrait se réfugier car le mauvais temps continuait encore et toujours. Et elle était toujours en quête de réponses, mais plus vraiment sur le même sujet. Depuis qu'elle avait quitté la jeune Humaine, elle ne pouvait plus enlever son image de sa mémoire ! Autant elle l'intriguait que son sabre qui n'avait rien de bien métallique à ses yeux, il semblait plutôt magique, ou... Fait de je ne sais quelle matière. Cette idée qu'elle ne contrôlait rien du tout l'envahissait de plus en plus à chaque seconde qui passait et au delà de sa colère vis à vis de ce sentiment étranger, elle voulait comprendre.

Son capuchon rabattu sur sa tête pour se protéger des gouttes de pluies qui tombaient des arbres, Ryaza s'arrêta en contemplant le porche de ce qui semblait être une bibliothèque. Elle hésitait à y pénétrer. Dans un sens cela serait une bonne chose car elle pourrait peut-être en apprendre plus. Mais dans un autre, jamais elle ne s'était rabattue à une telle approche de la réalité et le fait que cela pourrait désigner une nouvelle aire lui faisait légèrement peur ! S'asseyant sur les marches, elle attendit tout simplement, observant l'allée afin de deviner si oui ou non elle aurait de la compagnie par ici et surtout si elle serait aussi intéressante que la dernière en date !

La traversée du désert avait été assez éprouvante en émotion et surtout à cause de la chaleur insoutenable qui y régnait, alors quand Mélûna arriva ailleurs, dans la capital Elfique par exemple, elle fut soulagée de voir que les pluies existaient encore, car bêtement elle s'était laissée croire que le désert allait manger toute l'eau présente sur cette terre et que tout le monde allait mourir de soif ou de dessèchement. Qu'est-ce qu'elle pouvait être naïve des fois ! Il était temps qu'elle retourne à son enseignement de Fées avant de se faire piétiner par un cheval et mourir sur le coup. Car si elle ne faisait pas plus attention, c'était bien ce qu'elle risquait. Ou alors, de tomber sur quelqu'un de mal intentionné qui essayerait de savoir où se cache ce fameux pays Féérique en dehors de l'espace et du temps, une petite bulle tranquille pour se reposer en somme.

Assise sur un arbre tranquillement, elle se reçut une goutte de pluie sur la tête qui faillit la faire tomber. Il faut dire que celles qui tombent des arbres étaient plutôt grosse du fait qu'elles avaient le temps de s'accumuler dans les feuilles avant d'être trop lourdes et de tomber en un seul morceau. Et aussi il fallait avouer que Mélûna n'était pas la plus grande ni la plus forte des Fées connue à ce jour. Au contraire, elle semblait la plus candide. Même si il devait bien exister pire ! Qui sait... Elle ne connaissait pas encore tout le monde même dans son village car certaine bien sur ne vivait plus ici mais en compagnie de leur âme soeur.

Enfin peu importait encore à ce moment précis, elle savait que son instinct se réveillerait et qu'en attendant ce moment précis, elle se devait d'être prudente, elle qui ne connaissait pas du tout le monde dans lequel elle avait atterri de force. Perdue dans ses pensées, elle fut ramenée à la réalité par un petit éclair suivit d'un léger "boum" presque inaudible. Une silhouette était apparue entre les arbres. Une silhouette encapuchonnée. Ecarquillant les yeux, Mélûna faillit tomber en arrière tellement elle fut surprise de cette apparition. Est-ce que c'était la représentation d'un fameux Dieu qui refaisait surface par ici ? Intriguée par toutes les histoires qu'elle avait entendu sur le mal et le bien, elle voulait en savoir plus, alors elle la suivit jusqu'au bord de la ville ou celle-ci prit place sur des marches, dans un endroit protégé de la pluie.

Essayant de se faire discrète, Mélûna volait en faisant le moins de bruit possible, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de cachette et que maladroite comme elle est elle ne s'emmêle les ailes pour tomber pile sur une marche en face de la jeune femme apparue auparavant. Un peu sonnée, elle ne bougea plus pendant un instant, gisant par terre.

Bien calée sur les marches glacées devant une porte close - et qu'elle espérait qu'elle le reste histoire qu'elle soit encore tranquille le temps que la pluis cesse et surtout que les arbres n'aient plus aucune de ces petites gouttes translucides qui vous glacent jusqu'aux os si vous ne faites pas attention. Ryaza ne pouvait s'empêcher de penser à sa soeur, désormais qu'elle ne faisait plus rien, ses pensées vagabondaient, la ramenant à sa jumelle qui ne devait pas être loin. D'ailleurs où est-ce qu'elle était ? Elle ne la sentait plus c'était étrange de voir à quels point ses pouvoirs semblaient s'amenuiser avec le temps. Il faut dire qu'elle n'était plus de première génération et qu'avec le temps tout s'érode même la magie la plus puissante si elle n'est pas suffisament entrainée. Et là était bien le problème...

La sorcière ne remarque d'abord pas que quelqu'un l'observait, tout ses sens bien attrapées et mis en boite par sa recherche de réponses à ses nombreuses questions dont la liste grandissait de jour en jour il semblait. Un léger sursaut la fit bouger lorsqu'elle remarqua qu'un petit être tomba devant elle ! Non ! Ce n'était pas possible ! Ryaza ouvrit grand les yeux ! Elle n'arrivait pas à croire ce qu'elle semblait voir. D'ailleurs, elle en profita pour se frotter les yeux, puis à tendre la main pour la relever, faisant bien attention de ne pas abimer ses ailes, la paume ouverte, elle la regarda un instant, puis un sourire se dessina sur ses lèvres.

- Tu es une Fée n'est-ce pas ?

Demanda-t-elle avec un sourire qu'elle essayait de cacher. C'était extraordinaire. Cela faisait en fait un bon moment qu'elle n'en avait pas vu. Elle savait qu'elles s'étaient enfermées dans leur petit monde magique sans donner de nouvelles. Mais aussi que ces petites êtres magiques avaient une âme soeur sur cette terre et qu'elle ne pouvait pas s'empêcher de revenir de temps à autre ! Surtout les plus vieilles qui avaient tout vu ! Cela présageait presque un renouveau pour la sorcière ! Une petite nouvelle chance...

Qu'est-ce qu'elle devait avoir l'air stupide, Mélûna ne savait plus où se mettre, rougissant légèrement, sentant qu'elle la prenait en faisant bien attention à ses ailes, au moins une personne qui savait ce qu'elle était ! Ou alors seulement à peu près vu qu'elle lui posa la question, cette même question qui pourrait tout changer, en même temps que pas grand chose. Est-ce que cela ne se voyait pas qu'elle était une Fée ? Se laissant tomber en arrière, s'asseyant sur sa paume ouverte, elle secoua ses ailes pour les démêler et les remettre correctement, puis elle cligna des yeux, les ayant grands ouverts elle resta bouche bée, aucun son n'en sortit par contre. Réfléchissant, elle se remémora le fait qu'effectivement peu de Fées trainaient encore sur cette terre bientôt désolée et dénuée de magie ?

- Euh je, oui... Et... vous ? Vous êtes ... Une apparition divine ?

Écarquillant les yeux encore plus grand, si cela était encore possible évidemment. Mélûna avait à son tour poser une question qui paraissait des plus idiotes et qui pourtant elle pensait véridique. Après tout elle était apparue comme ça dans les bois, sans aucune raison, sans rien pour prévenir de son arrivée... C'était la première fois qu'elle voyait une apparition pareille à celle-ci, c'était la raison pour laquelle elle se sentait quelque peu idiote avec ses questions peut-être bien déplacées...

Essayant de se relever, elle battit des ailes pour s'envoler, mais loin d'elle l'idée de partir, pas encore, pas tout de suite. Bien trop naïve, Mélûna avait même tendance à se jeter dans la gueule du loup sans se douter de quoi que ce soit !

Ryaza ne pouvait s'empêcher de l'observer sous toutes les coutures en gardant aux lèvres un sourire qui n'avait pas forcément quelque chose de rassurant. Cette rencontre l'avait mise de bonne humeur, de très bonne humeur même ! Enfin tout pourrait continuer, une autre chance de réussir différemment. Il ne restait plus qu'à tout préparer et à réussir à les trouver, ou les convaincre par n'importe quel moyen. La regardant battre des ailes à nouveaux, elle se dit que c'était prodigieux. Puis ramena son bras le long de son corps, aucune raison de rester paume vers le ciel pour accueillir la Fée vu qu'elle était de nouveau sur pied. Sa question la fit éclater de rire, d'un éclat de rire léger et cristallin. Un apparitioin divine ? C'était la chose la plus stupide qu'on lui ai dit depuis bien longtemps, malgré le fait qu'auparavant cela aurait pu être considéré comme presque vrai. Elle n'était pas vraiment une déesse mais appartenait un peu à ce monde... Le Mal.

- Non pas vraiment. J'imagine que tu m'as suivi jusque là, c'est ça ? Et tu m'as vu auparavant apparaître dans les bois ?

Son regard se faisait curieux, la sorcière se demandait ce qui faisait que la Fée était si curieuse mais surtout qu'elle ne semblait se méfier de rien. Etait-elle trop jeune pour se douter de quoi que ce soit ? Trop ingrate ? Ou est-ce que l'éducation de ces petits êtres autrefois presque parfaite leur faisait désormais défaut ? Ryaza avait une petite idée là-dessus, une idée comme à son habitude bien négative.

- Tu viens souvent par ici ?

Demanda-t-elle avec une voix empreinte d'une curiosité feinte. Cela l'intéressait certes mais normalement elle ne prenait pas la peine de demander gentiment. Normalement sa voix prenait un ton glacial en compagnie des autres êtres vivants sur ces terres. Ces êtres qui généralement pensaient que tout leur appartenait. Est-ce que le retour des Fées signifiaient qu'elles voulaient à nouveau surveiller et maintenir l'équilibre de ce monde, ou est-ce que la petite s'était égarée ? Pour avoir l'air plus sympathique que ce qu'elle ne l'était, elle lui dit gentiment.

- Au fait, je m'appelle Ryaza, et toi ?

Question d'usage chez les gens par ici. Question qui n'avait pas vraiment de sens car un prénom n'a que très peu d'importance en réalité.