Balade en ville [ Pv : Aschriit Fenrir - Reflexion (?) ]

Il faisait chaud. Le démoniaque, la jeune fille et le sabre avaient un peu traînés en route, et avait du passer une nuit dehors. On avait manger les provisions de Diane, il lui restait deux lapins, et puis on avait dormi dehors.
Mais maintenant, il faisait chaud. Vraiment très chaud. Dès le matin, elle avait promis d'être belle, mais Diane ne se doutait pas qu'elle le serait autant. Sous sa cape, elle avait un chaud. Mais, prévoyante, elle avait tout de même mis un débardeur et un short, le matin, pendant sa toilette, et elle ne regrettait rien. Cependant, elle refusait de quitter sa capuche et sa cape. Quelques gouttes de sueur accompagnaient les deux grosses larmes toujours présentes sur les joues de la jeune fille, mais elle s'en moquait. Elle savait qu'on l'éviterais si elle ôtait sa capuche, alors elle la gardait. Elle n'avait pas envie de provoquer une émeute -encore une fois- parce qu'elle avait trop chaud. Elle avait appris à se tenir.

Par contre, Asahi ne faisait que de se plaindre. Lui aussi avait chaud dans son costume noir, et plusieurs fois, Diane lui avait dit de se retirer aussi sa veste, mais comme un gentleman ne quitte pas sa veste, il continuait de se plaindre de la chaleur, sans vouloir se taire. La jeune fille savait bien que ça risquait d'énerver le démoniaque, mais c'était Asahi qui savait ce dont il était capable de faire si jamais il décidait de le faire taire.

On avançait donc, laissant Asahi parler, comme d'habitude. Tout le long du trajet, Diane avait entretenu la conversation d'Asahi, de façon plutôt morose, mais aussi pour éviter qu'il aille taper la causette avec le démoniaque, qu'il risquait d'embêter plus qu'autre chose.
Et bientôt, la ville se dessina. Elle était grande, et ses remparts avaient été aperçus depuis bien longtemps. Maintenant qu'on s'en approchait, on sentait son animation malgré la chaleur. En s'approchant, on entendait les marchands crier leur étalage, les femmes crier au voleur et d'autres hurler pour chasser le malfrat. A l'entrée, jugé louche, le groupe eut droit à un petit interrogatoire. Ce ne fut rien, et voyant que ça ne plaisait pas aux garçons, Diane avait répondu docilement aux questions, en glissant quelques mensonges par-ci par-là. Elle voulait entrer sans histoire, et sans raconter la sienne.
A l'intérieur, la promesse faite au dehors d'une grande animation était tenue. C'était jour de marché et un monde fou grouillait sur la place principale. Diane se disait heureusement qu'Asahi était sorti, elle avait comme ça une garantie de ne pas être volée. Avec son air pénible, personne n'osait s'approcher, même pour tenter de vendre une quelconque babiole.

" Et maintenant, vous connaissez une auberge dans laquelle on se retrouverai à la fin de la journée ou il faut en chercher une avant de se séparer ? "

Diane n'avait pas vraiment l'intention de passer son après-midi avec cet homme-là. Elle avait du travail à chercher, et lorsqu'elle dit qu'elle travaille seule, elle tient à ne pas donner de mauvaises impressions. En plus, s'il l'accompagnait, elle aurait eut l'air faible, parce qu'il aurait eu l'air de faire tout le travail pour elle. Et puis, après tout, il n'était pas convenus qu'ils allaient rester collés tout le temps les uns aux autres. Se revoir pour le dîner était amplement suffisant pour Diane. Et le monsieur avait aussi sûrement des courses à faire, des courses auxquelles Diane n'était pas conviée.

[Tu me pardonnes du retard ? *z'yeux tout mimis* Pour me faire pardonner, j't'ai écris une looooooooooooongue histoire, un peu zarbi, mais j'espère qu'elle te plaira ^^ et aussi aux autres gens qui auront le courage de lire ce post]

Màdiil, jour de marché. Une jeune femme était assise près des stands les moins visités, souvent les moins intéressants ou les nouveaux, qui étaient si inhabituels qu'ils ne parvenaient pas à attirer la clientèle. Ils formaient un petit groupe isolé, disséminé la plupart du temps aux extrémités de la place du marché, là où les gens passaient rapidement sans y prêter attention, ou bien en faisant mine de les ignorer. Pourtant, c'étaient ces stands-là qui intéressaient à chaque fois le plus Reflexion, car elle cherchait en effet à rendre ceux abandonnés plus attractifs que ne l'étaient ceux au coeur même de la place ; elle en retirait même, souvent, du bénéfice de la part des marchands, un peu plus d'argent pour la remercier d'avoir attiré du monde. Cela dit, cette méthode ne fonctionnait pas tout le temps, mais assez de fois pour que Reflexion puisse se permettre de dormir dans un lit chaud le soir même, au lieu de goûter à l'air frais et pas toujours recommandable de la nuit.

La conteuse sortit de sa sacoche un des héritages les plus nostalgiques que sa mère adoptive lui avait laissé, une jolie flûte taillée en bois de rose. Puis, posant ses lèvres sur l'encoche de l'instrument, elle souffla légèrement dessus et laissa ses doigts obstruer certains trous pour s'en aller un instant plus tard, donnant l'impression de danser gracieusement au fur et à mesure que la musique qui s'en échappait continuait, douce et attrayante pour beaucoup d'oreilles qui commençaient à chercher l'origine de la mélodie. Celle-ci n'était pas très forte, mais l'intensité de son son suffisait bien pour les personnes à une dizaine de mètres de là, malgré le grand brouhaha éternel des discussions du marché. Une, deux, cinq personnes vinrent, séduites et curieuses. Reflexion continuait toujours de jouer, attendant au moins le double de son public, qui ne tarda pas à venir, lui non plus. La musicienne conclut avec un ré, afin de pouvoir captiver son nouvel auditoire autrement.

"Messieurs", déclara-t-elle en ne fixant personne en particulier, "ne vous est-il jamais arrivé de vous énerver après une personne parce qu'elle n'avait pas accompli parfaitement la tâche que vous lui aviez confiée ? Demoiselles, n'avez-vous jamais essayé de voler ce superbe collier traînant sur un étalage de bijoutier ? Enfants, n'avez-vous jamais fait des cloche-pieds aux adultes, juste pour guetter leur réaction ?
Petits ou grands, chacun de vous ici a déjà dû commettre une erreur, fait du mal à quelqu'un, involontairement ou non.
Avez-vous déjà imaginé une humanité sans mal, un monde parfait ?
L'avez-vous déjà seulement souhaité ?

Je connais quelqu'un qui l'a déjà souhaité pour lui-même. Il a eu une vie où la paix n'a jamais existé, où il a travaillé avec la Mort et où son entourage ne lui a accordé aucun amour, puisque lui-même ne connaissait pas le sens de ce mot. Puis vint un jour où, on ne sait comment, il prit conscience de tout ce qu'il avait accompli durant sa misérable existence. Il prit conscience du mal qu'il avait infligé à tant de gens, du sang qu'il avait fait couler tant de fois, de toutes ses trahisons, de toutes ces fois où il aurait dû sentir le poids de la culpabilité. Et il s'en voulut, il s'en voulut, il s'en voulut tellement qu'il pleura, pleura, et pleura encore, jusqu'à se noyer dans son propre lac de larmes.

Des années plus tard, un marchand passa près de cette nouvelle étendue d'eau. Il parcourait le pays pour vendre ses articles de toutes sortes, et comme la plupart de ses confrères, il lui était déjà arrivé d'escroquer d'honnêtes gens. Puisqu'il faisait route depuis longtemps et qu'il sentait les multiples coups de soleil sur son bras, il s'arrêta, se déshabilla et plongea dans le lac. Lorsqu'il en ressortit, il se mit à pleurer comme il n'avait jamais pleuré. Les larmes coulaient toutes seules pendant que son âme se torturait de toutes ces méfaits qu'il avait accomplis, à l'instar de ses clients. Toutes ses larmes agrandirent encore le lac, et il s'y noya.
Plusieurs étés passèrent. Un assassin qui venait de s'évader de prison courait, poursuivi par plusieurs gardes, cherchant une cachette où s'abriter, le temps que ces soldats abandonnent leur recherche. Il vit le lac, puis plongea dedans, meilleure cachette dans son environnement proche. Respirant grâce à un bambou creux, il attendit une bonne heure avant de sortir hors de l'eau. La berge était déserte, heureusement pour lui. Mais il n'eut pas le temps de s'en soucier, des pensées terribles lui venaient à l'esprit ! Toutes ces fois où sa dague, où son épée, mortelles armes, avaient transpercé un coeur ou tranché une tête, toutes ces fois où il avait pu assouvrir sa soif de tuer, soif malsaine, envie sinistre et meurtrière, la première qu'on devrait, avant tout, éradiquer de la terre entière.
Et cet assassin pleurait de toutes les larmes de son corps, il pleurait, pleurait, gémissait de culpabilité. Il aurait été capable de se tuer pour arrêter de souffrir, mais au lieu de se trancher la gorge, il se noya sans s'en rendre compte dans ce lac qu'il venait d'élargir, comme son prédecesseur.

Un lac qui devenait une mer de culpabilité, immense...

D'autres étés, printemps, hivers et automnes se succèdèrent. Vint finalement un début d'automne où le soleil était encore présent et où les arbres étaient encore fleuris. Une fillette se promenait, courait, marchait, souriait à la nature. Elle aperçut le lac, s'y baigna, et lorsqu'elle en ressortit...
... elle souriait. Elle souriait de tout l'amour qu'elle avait pu donner à ses parents, à sa famille, au village où elle habitait. Elle souriait de tout ces services qu'elle avait rendus à certaines personnes, à chaque sourire qu'elle avait pu faire naître sur le visage d'un aveugle ou d'un mendiant. Elle souriait de toute cette paix, toute cette joie qui s'abritait en elle depuis sa naissance. Son sourire était si rayonnant que le soleil lui-même en devint jaloux, Les rayons qui s'échappaient de son aura invisible se répandirent tout autour d''elle, sans qu'elle ne s'en rende compte. Et lorsqu'elle se retourna, elle put contempler le résultat de son innocence.

Une prairie magnifique, d'un vert étincelant et brillant sous les reflets de l'enfant. Du parfum qui s'en dégageait, on sentait la pureté même, on s'en imprégnait, on avait envie de vivre et d'aimer. Le vent dispersait une douce mélodie sur ce parfum, rendant ce pré encore plus fascinant qu'il ne l'était déjà. Une nouvelle porte sur un monde de paix !

Permettez-moi de vous le jouer..."

Sur ces mots, la conteuse reprit son instrument de rose et joua une étrange musique, qui pouvait s'apparenter à une douce berceuse. En tout cas, le brouhaha du marché se fit moins fort, comme si les sons magiques l'avaient calmé, ou comme si ses notes venaient d'apaiser les discussions, amenant un peu plus de paix. Le morceau fut court, mais captivant, et Reflexion put reprendre son histoire.

"Depuis ce temps, le lac de la culpabilité n'existe plus, à la place se trouve l'immense prairie de la paix.
Des saisons s'écoulèrent, encore et encore. Puis, un jour, la fillette revient, transformée en une belle jeune femme qui respirait la joie de vivre. L'innocence l'avait accompagnée, et était encore avec elle. Cette nouvelle vague de bonheur déferla sur la prairie, sur laquelle commencèrent à pousser des fleurs de toutes espèces, des boutons d'or, des roses, des marguerites, des lys, des orchidées aussi, des violettes, du lilas, des magniolas, des tulipes, et même des églantines ! La liste complète serait malheureusement trop longue à vous décrire.
Des milliers de fleurs venaient de rendre une simple prairie verte en une prairie multicolore, flamboyante à tel point que le ciel lui-même n'était plus bleu, mais envahi de couleurs qui tournaient, qui chantaient la vie, qui changeaient pour dessiner une colombe dans les nuages...

Puis la jeune femme cueillit une fleur de sa main pure, et souffla doucement dessus ; à ce moment-là, les pétales s'envolèrent, une nouvelle brise les emporta un peu partout dans le pays, et les personnes qui eurent la chance d'en cueillir un dans leur main connurent une culpabilité de tous leurs méfaits, grands ou petits, une culpabilité qui s'effaça la seconde d'après, pour leur redonner une joie de vivre et une envie d'aimer le monde entier, de recommencer leur vie pour un nouveau destin.

Certains pétales parcourent encore, de nos jours, les villes et les campagnes, et seul le souffle de la paix décide dans quelle main ils vont se poser, quelle personne redonnera un nouveau sens à son existence et quelle âme soulager et consoler.

Peut-être que vous, braves gens, recueillerez un jour ces pétales de l'innocence, et à ce moment-là, le monde vous paraîtra un peu plus beau, sans colère ni envie malsaine.

Je le souhaite de tout mon coeur."

Un sourire conclut le conte, presque aussi radieux que celui de la fillette innocente.

Ascheriit venait d'arriver en ville, accompagné de Diane et de cet étrange oiseau qui la collait. La nuit passée à la belle étoile l'avait passablement irrité, et à cela s'ajoutaient les complaintes incessantes de l'étranger. Chaleur, cauchemars, et toutes choses dans le genre avait tendance à le mettre de très... Mauvaise humeur?

L'interrogatoire que le groupe avait subit à l'entrée n'était pas forcement le meilleure chose qui pouvait arriver avec le Démoniaque dans cet état... Jetant des regards noirs sans cesse, répondant aux questions par monosyllabes, d'un ton froid et très clairement méprisant (ils se trouvaient chez les Humains, et il était incapable de se maîtriser après avoir passé une nuit pareille), il se retint d'en plaquer un au mur quand vint une remarque sur sa race. Une fois avoir pénétré dans la ville, l'Ange remarqua que c'était jour de marché. Ils passeraient donc inaperçus, quoiqu'il arrive, malgré les lamentations...

" Et maintenant, vous connaissez une auberge dans laquelle on se retrouverai à la fin de la journée ou il faut en chercher une avant de se séparer ? "

Un instant, il regarda Diane, le temps de comprendre le sens de la question. Totalement épuisé, il secoua la tête, puis se mit à chercher. Quelques secondes plus tard, il fixa l'Humaine à nouveau, puis ouvrit la bouche.

"Si mes souvenirs sont bons, il y en a une plutôt pas mal dans les environs... Elle devrait se trouver... dans cette rue." Rue qu'il pointa du doigt. "Normalement, ils ont de la place... Si tu as besoin de quelque chose, demande au patron, il a l'habitude de me voir.... Autrement, on verra ça dans la soirée. Et puis ---"

Ascheriit s'interrompit quand un "Messieurs" retentit non loin. Rares étaient les gens qui interpellaient l'assemblée un jour pareil, et il fallait être fou pour s'autoriser ce qui suivait. Narrer quelque chose ici exposait la personne à toute sorte de malfrats. En effet, Beaucoup d'Humains étaient touchés par les histoires, et ils étaient nombreux à donner de l'argent. Cela, les bandits et assassins le savaient, et ce ne serait pas forcement très difficile de s'en prendre au conteur et de récupérer sa bourse... Pourtant, la femme qui se montrait ainsi en publique semblait savoir ce qu'elle faisait, et être en pleine possession de ses esprits.

Bah, qu'est-ce que cela pouvait lui faire... Après tout, elle était libre de ses choix, et devrait les assumer... Pourtant, lorsqu'elle commença à questionner le peuple, quelque chose semblait le forcer à écouter tout ce qui allait être raconté. Il suivait tout, et aucun bruit parasite ne l'empêchait de penser en même temps. Pourtant, c'était l'esprit vide qu'il fixait la narratrice.

Quand vint la fin, il retrouva ses pensées, et toutes les critiques qui allaient avec...

"Pfff... Niais au possible... Comme si vivre sans méfaits était chose qui pouvait réellement exister... Et puis, quel intérêt résiderait dans un monde de paix? Non, tout cela n'est bon que pour les enfants et les crédules..."

Comme toutes les fois où il se permettait ce genre de remarque, le Démoniaque se parlait à lui-même...

"Si mes souvenirs sont bons, il y en a une plutôt pas mal dans les environs... Elle devrait se trouver... dans cette rue. Normalement, ils ont de la place... Si tu as besoin de quelque chose, demande au patron, il a l'habitude de me voir.... Autrement, on verra ça dans la soirée. Et puis ---"

Une voix forte et puissante, tout en étant musicale interrompit le démoniaque. A sa façon de parler Diane avait bien remarqué qu'il était épuisé, qu'Asahi lui avait usé les nerfs pendant toute la durée du voyage. Elle comprenait bien l'ange et hochait la tête pour montrer son approbation.

Mais la voix n'avait apparemment pas fini. Diane s'approcha, curieusement, et lorsqu'elle vit qu'il s'agissait d'une jeune fille sur le point de raconter une histoire, elle décida de partir. Les histoires, ça n'avait jamais été vraiment son truc. Elle n'en n'avait jamais entendu, et ça ne lui avait jamais manqué.
Cependant, Asahi, lui, voulait entendre l'histoire. Il attrapa Diane par le bras et la força à venir se loger contre sa poitrine. Ayant l'apparence physique d'un homme d'une vingtaine d'années, Diane ne pouvait pas vraiment lutter contre cette force brute et fut obligée d'écouter l'histoire.

"Peut-être que vous, braves gens, recueillerez un jour ces pétales de l'innocence, et à ce moment-là, le monde vous paraîtra un peu plus beau, sans colère ni envie malsaine.

Je le souhaite de tout mon cœur."

Après avoir écouté la première histoire de toute sa vie, Diane venait d'entendre la première chose que l'on lui souhaitait de toute sa vie. Comme un réflexe, elle se mit à pleurer. Elle même ne savait pas vraiment pourquoi, si c'était l'histoire, Asahi qui l'avait forcée à faire quelque chose qu'elle ne voulait pas faire ou bien le fait qu'on lui souhaite quelque chose... Elle était partagée entre la joie, la peine, et puis quelques autres sentiments qu'on ne pourrait pas nommer. Tout ce que son corps avait trouvé de mieux à faire, c'était de pleurer. Alors, elle en profitait, elle pleurait, cachée dans les bras de son arme, qui souriait bêtement, comme si d'un coup il savait que Diane avait fait un pas immense dans sa vie et que c'était un peu grâce à lui, comme s'il était son père. Lorsqu'il vit que Diane avait épuisé toute sa réserve de larme, il la mit devant lui et lui demanda où est-ce qu'elle comptait aller, maintenant.

"Heu... Je ne sais pas... Si on pouvait trouver un peu de travail dans le coin, ce serait bien, histoire de ne pas être venus juste pour profiter d'une nuit d'auberge offerte..."

"Allons demander à la conteuse, peut-être a t-elle eut vent de quelque chose de mystérieux dans le coin, ou qu'elle connait quelqu'un qu'elle voudrait assassiner."

"Pourquoi pas..."

Diane s'approcha de la jeune fille qui avait raconté l'histoire. A vrai dire, ce n'était plus vraiment une jeune fille. Elle devait avoir au minimum vingt ans, mais comme Diane avait beaucoup de mal à cerner les personnes en un instant, elle la croyait beaucoup plus jeune.
Demander à une conteuse du travail n'était pas vraiment dans les habitudes de Diane, mais elle commençait à en avoir assez des boulots miteux, louches, qui, certes, payaient bien, mais l'obligeait à risquer sa vie à chaque fois. Peut-être qu'un simple assassina d'une personne totalement anonyme ne lui ferait pas de mal, pour une fois...

"Excusez-moi, mademoiselle... Je suis mercenaire, et je cherche du travail... Heu... Est-ce que vous sauriez où je peux en trouver...? -Sans vouloir vous déranger.."

"Pfff... Niais au possible... Comme si vivre sans méfaits était chose qui pouvait réellement exister... Et puis, quel intérêt résiderait dans un monde de paix? Non, tout cela n'est bon que pour les enfants et les crédules..."

Alors que les personnes qui avaient apprécié l'histoire remerciaient la conteuse avec quelques sous, celle-ci tourna la tête vers le commentaire qui venait de fuser, vers la gauche. Elle se retint de percer le passé de l'ange aux ailes noires qui lui faisait face, et lui répondit simplement, sans se départir de son air serein :

"L'intérêt serait tout simplement d'éviter de se faire mal à soi-même. Mais tant que l'Homme ne connaît pas la compassion, il ne peut comprendre le mal qu'il fait, et deviner les conséquences qui en résultent, sans en être indifférent."

Elle laissa l'ange méditer sur ces paroles, puis remarqua une personne s'approcher d'elle, visiblement pour lui dire ou demander quelque chose. Son visage était caché moitié par une capuche, moitié par une cape, ne laissant que ses yeux découverts et lui donnant un aspect bien mystérieux.

"Excusez-moi, mademoiselle... Je suis mercenaire, et je cherche du travail... Heu... Est-ce que vous sauriez où je peux en trouver...? -Sans vouloir vous déranger..."

Si Reflexion n'avait pas eu cette nature à rester calme dans -presque- toutes les circonstances, elle aurait sûrement été vexée par les propos de la demoiselle. En effet, à quoi bon faire un discours sur la paix lorsque les gens venaient lui demander après si elle n'avait pas un quelconque travail louche pour eux ? Bien sûr, le mot "mercenaire" pouvait être pris de différentes manières, et c'est sur cette simple vérité que la musicienne décida de répondre à l'intéressée.

"Il dépend de la définition que vous donnez au mot "travail". S'il s'agit de travaux infâmes qu'exécutent les bandits ou les tueurs à gages, je ne peux vous aider. Par contre, si "travail" pour vous correspond à rendre des services - sans atteinte à la vie des gens- en échange d'argent, il est bien possible que je puisse vous répondre."

[Waa, je philosophie maintenant o-O]

Diane avait dit ce qu'elle pensait. Elle ne pensait pas que son travail de d'habitude pourrait gêner la conteuse.

"Il dépend de la définition que vous donnez au mot "travail". S'il s'agit de travaux infâmes qu'exécutent les bandits ou les tueurs à gages, je ne peux vous aider. Par contre, si "travail" pour vous correspond à rendre des services - sans atteinte à la vie des gens- en échange d'argent, il est bien possible que je puisse vous répondre."

La jeune fille réfléchit quelques instants. Fallait-il dire qu'elle cherchait absolument un travail de mercenaire ? C'était faux, non, elle cherchait un travail, c'était tout, pas spécialement dans son domaine. Et puis, tuer des gens commençait à l'ennuyer. Peut-être aurait-elle voulut que sa vie soit autrement pour qu'elle puisse faire comme toutes les gamines de son âge. Asahi était content de voir que Diane commençait à chercher autre chose qu'un travail de mercenaire. Il pensait que le sang avait déjà été trop abondant dans sa vie.

"Excusez-moi, mais j'ai plusieurs choses à vous dire... La première réside dans le fait que la compassion n'existe pas forcement, et sachez que je vis très bien sans... C'est une chose futile qui ne sert qu'à encombrer votre esprit, et c'est une chose que vous feriez mieux d'oublier! La définition de mal dépend notamment de la personne qui y pense. Vous avez "votre mal", j'ai le mien... La deuxième chose se trouve dans le fait que je suis tueur à gages. Vous avez quelque chose à redire à cela?!"

" Je n'ai pas la même conception du mal, si vous me permettez. Moi, ce "mal" dont tout le monde parle et ce dispute sur sa nature, c'est juste mon gagne-pain. Moi, je m'en fiche de ne tuer personne, je fais ça juste pour vivre, vous comprenez ? Si vous avez un autre travail que celui de mercenaire, je prendrais aussi. A vrai dire, je ne sais pas faire grand chose, mais si je peux être utile et récolter un peu d'argent, ça me suffit. "

Diane n'avait jamais réfléchit sur ce qu'elle faisait. Depuis toute petite, on ne lui avait rien apprit, sauf à survivre. Maintenant, elle se servait de ce quoi elle était faite pour vivre, c'était tout. Tuer c'est mal ? Pour elle, c'était plus subtil. Elle n'était attachée à personne, ne savait pas ce que d'aimer ou d'être aimé, et le sentiment de culpabilité lui était étranger. Elle travaillait comme mercenaire pour vivre, pas pour s'amuser.

[HRPG : Continuez comme ça et la discussion finira en café philo x') ]

"Excusez-moi, mais j'ai plusieurs choses à vous dire... La première réside dans le fait que la compassion n'existe pas forcément, et sachez que je vis très bien sans... C'est une chose futile qui ne sert qu'à encombrer votre esprit, et c'est une chose que vous feriez mieux d'oublier ! La définition de mal dépend notamment de la personne qui y pense. Vous avez "votre mal", j'ai le mien... La deuxième chose se trouve dans le fait que je suis tueur à gages. Vous avez quelque chose à redire à cela ?!"

"Savez-vous au moins qu'est-ce que la compassion ? Connaissez-vous au moins la valeur des vies que vous enlevez, ce qu'elles représentent pour certaines personnes ? Et quel est donc ce "mal" dont vous parlez ? J'aimerais bien le connaître, pour un individu pour qui ôter la vie ne dérange absolument pas... et y prend même du plaisir."

Reflexion aurait pu s'énerver, crier, mais encore une fois, étrangement, elle restait stable et calme. Les paroles qu'elle venait adresser au Démoniaque étaient plus des questions pour satisfaire sa curiosité que des reproches. Enfin, même si elle ne le montrait pas, on ne pouvait pas dire qu'elle était contente de voir que certaines personnes n'avaient toujours pas compris la valeur d'une vie, ce que c'était réellement. En fait, elle était plus triste que mécontente.

"Je n'ai pas la même conception du mal, si vous me permettez. Moi, ce "mal" dont tout le monde parle et ce dispute sur sa nature, c'est juste mon gagne-pain. Moi, je m'en fiche de ne tuer personne, je fais ça juste pour vivre, vous comprenez ? Si vous avez un autre travail que celui de mercenaire, je prendrais aussi. A vrai dire, je ne sais pas faire grand chose, mais si je peux être utile et récolter un peu d'argent, ça me suffit. "

La demoiselle ne partageait apparemment pas le même avis que le tueur à gages, et cela soulageait, détendait quelque peu la conteuse. Elle pouvait lui répondre plus facilement.

"Eh bien, demandez dans les auberges ou dans les tavernes, ils cherchent souvent des serveurs ou des personnes pour faire le ménage. Vous pouvez aussi proposer aux marchands de les escorter jusqu'à leur prochaine destination, si vous maniez bien l'épée. Ensuite, tout dépend de ce que vous savez faire et si vous aimez voyager ou si rester sur place vous dérange."

"Savez-vous au moins qu'est-ce que la compassion ? Connaissez-vous au moins la valeur des vies que vous enlevez, ce qu'elles représentent pour certaines personnes ? Et quel est donc ce "mal" dont vous parlez ? J'aimerais bien le connaître, pour un individu pour qui ôter la vie ne dérange absolument pas... et y prend même du plaisir."

Étrangement, le Démoniaque réagit plutôt mal à cette remarque... A croire que tout le monde ici cherchait quelque chose là où il n'y avait rien... Ses pupilles se dilatèrent, et ses muscles se tendirent plus que d'habitude... Puis vint le tour de Diane.

"Je n'ai pas la même conception du mal, si vous me permettez. Moi, ce "mal" dont tout le monde parle et ce dispute sur sa nature, c'est juste mon gagne-pain. Moi, je m'en fiche de ne tuer personne, je fais ça juste pour vivre, vous comprenez ? Si vous avez un autre travail que celui de mercenaire, je prendrais aussi. A vrai dire, je ne sais pas faire grand chose, mais si je peux être utile et récolter un peu d'argent, ça me suffit. "

Passant une main dans ses cheveux, il ne comprenait absolument rien. Comment pouvait-on croire à tout cela. Encore, pour Diane, passe encore. C'était son gagne-pain à elle, il en était de même pour lui. La seule différence résidait dans le fait que lui éprouvait une satisfaction assez importante à chaque fois qu'un cadavre tombait sur le sol lourdement. Mais pour cette poétesse, il se dit que soit elle était naïve, soit totalement folle et aveuglée. Essayant de se calmer, il regarda tour à tour Diane puis la conteuse. Parlant lentement, il tentait de contenir sa rage contre celle qui ne voyait rien de la réalité du monde.

"La valeur d'une vie dépend de ce que l'on en fait... Si je les retire, c'est qu'elles ne valent pas grand chose... N'allez pas chercher plus loin, alors que tout est si simple... Vous essayez de faire comprendre quelque chose aux gens, quelque chose qui n'est pas dans leur nature, et qui ne le sera jamais. Quant à mon "mal", je pense que vous vous éloignez un peu trop du sujet initial, et vous immiscez un tantinet dans ma vie privée..." Puis un sourire étrange se dessina sur son visage, le temps de ces seuls mots. "J'y prends plaisir? Oui, et alors? Tentez de lutter contre la nature des gens, et vous mourrez bien jeune, ma chère..."

Son sourire disparut peu à peu, et il retrouva le visage sérieux qu'il abordait quelques temps auparavant, avant même la colère. Il savait qu'il n'en tirerait rien, qu'elle ne changerai pas. Mais comment les gens pouvaient-ils être aussi crédules?!

"Eh bien, demandez dans les auberges ou dans les tavernes, ils cherchent souvent des serveurs ou des personnes pour faire le ménage. Vous pouvez aussi proposer aux marchands de les escorter jusqu'à leur prochaine destination, si vous maniez bien l'épée. Ensuite, tout dépend de ce que vous savez faire et si vous aimez voyager ou si rester sur place vous dérange."

Diane n'y avait jamais pensé. Pourquoi donc, tiens, cette idée-là n'avait jamais germée dans sa tête ? La jeune fille leva les yeux sur Asahi, et finit par comprendre. Mercenaire, elle pouvait travailler seule, et personne n'avait donc Asahi à supporter, tandis que si elle faisait l'escorte d'une caravane, il faudra finir par faire sortir Asahi. Et il risquerait de tout ficher en l'air. De même pour le métier de serveuse ou de bonne. Si jamais elle laissait Asahi tout seul, il allait faire des bêtises. Un vrai gamin, on ne pouvait jamais le laisser seul quelques instants sans devoir quitter la ville en rentrant chez soi. C'était peut-être aussi sa faute si Diane ne s'était jamais fixée dans une ville. Ouais, ça devait être ça.

"La valeur d'une vie dépend de ce que l'on en fait... Si je les retire, c'est qu'elles ne valent pas grand chose... N'allez pas chercher plus loin, alors que tout est si simple... Vous essayez de faire comprendre quelque chose aux gens, quelque chose qui n'est pas dans leur nature, et qui ne le sera jamais. Quant à mon "mal", je pense que vous vous éloignez un peu trop du sujet initial, et vous immiscez un tantinet dans ma vie privée... J'y prends plaisir? Oui, et alors? Tentez de lutter contre la nature des gens, et vous mourrez bien jeune, ma chère..."

Diane n'était pas vraiment d'accord avec cette idée-là.

" Heu... Monsieur, ne croyez-vous pas que c'est votre employeur, et pas vous, qui jugez si la personne à assassiner doit vivre ou mourir ? Non, parce que, d'après vos dires, je n'ai pas l'impression que vous vérifiez si la personne doit mourir ou vivre... Mais après, je dis ça, moi, c'est juste une remarque..."

Diane, peu rassurée, non seulement pas le sourire de l'Ange aux ailes noires lors de sa dernière réponse, mais aussi parce qu'elle le savait plutôt violent, ramena sa capuche sur sa tête. L'ombre qui y logeait la rassura. On ne voyait plus que ses grosses larmes, maintenant, et comme d'habitude.

" Et pour vous répondre, madame... heu, je ne crois pas que ce genre de travail m'aille... "

En disant cela, Diane jeta furtivement un coup d'oeil sur Asahi, qui commençait déjà à s'ennuyer et à regarder le derrière de filles qui passaient par là. Un coup de coude bien placé l'aida à se tenir un peu plus correctement.

" Hm... Finalement, il ne doit y avoir que le métier de mercenaire qui m'aille... C'est peut-être pour ça que je n'ai fait que cela jusqu'à présent... Oui... Merci madame, je n'ai pas trouvé de travail, mais je sais maintenant que je ne peux travailler que comme mercenaire, et c'est déjà une grande avancée. "

Diane réfléchit quelques instants. Elle connaissait une taverne, dans le coin, où l'un de ses meilleurs employeur venait souvent squatter. Elle irait donc faire un tour par là. Ça faisait un moment qu'elle n'y était pas allée, il y aurait peut-être du travail. Ou bien, il faudrait passer par Karzâh, là-bas, c'est sûr, elle trouverait du travail. Et en plus, elle pourrait imposer ses tarifs.

" Finalement, monsieur, je vais passer mon chemin. Je ne m'arrête pas. Pour le repas, ce sera au cas où nous nous croiserions de nouveau ! "

Sa capuche sur les yeux, Asahi la suivant, le drôle de couple s'enfonça dans une ruelle sombre et disparut rapidement. Comme une ombre.

Je ne sais où, mais j'y vais ! [ Sortie ]

"La valeur d'une vie dépend de ce que l'on en fait... Si je les retire, c'est qu'elles ne valent pas grand chose... N'allez pas chercher plus loin, alors que tout est si simple... Vous essayez de faire comprendre quelque chose aux gens, quelque chose qui n'est pas dans leur nature, et qui ne le sera jamais. Quant à mon "mal", je pense que vous vous éloignez un peu trop du sujet initial, et vous immiscez un tantinet dans ma vie privée... J'y prends plaisir? Oui, et alors? Tentez de lutter contre la nature des gens, et vous mourrez bien jeune, ma chère..."

"Heu... Monsieur, ne croyez-vous pas que c'est votre employeur, et pas vous, qui jugez si la personne à assassiner doit vivre ou mourir ? Non, parce que, d'après vos dires, je n'ai pas l'impression que vous vérifiez si la personne doit mourir ou vivre... Mais après, je dis ça, moi, c'est juste une remarque... Et pour vous répondre, madame... heu, je ne crois pas que ce genre de travail m'aille... Hm... Finalement, il ne doit y avoir que le métier de mercenaire qui m'aille... C'est peut-être pour ça que je n'ai fait que cela jusqu'à présent... Oui... Merci madame, je n'ai pas trouvé de travail, mais je sais maintenant que je ne peux travailler que comme mercenaire, et c'est déjà une grande avancée. "

Qu'importe que ce fut l'employeur ou l'employé qui jugeait de la valeur des vies, cela ne changeait rien au fait qu'une personne mourrait un peu plus tard, pour des raisons qui semblaient justes aux yeux de certaines, ou raisons qui n'en étaient pas pour d'autres. D'autres, il y avait Reflexion.

"Finalement, monsieur, je vais passer mon chemin. Je ne m'arrête pas. Pour le repas, ce sera au cas où nous nous croiserions de nouveau ! "

Après ces mots, l'inconnue s'en alla, disparaissant dans une ruelle un peu plus loin. Reflexion la regarda partir, puis reprit sa conversation avec le tueur à gages.

"C'est une hypothèse, mais... n'avez-vous jamais pensé qu'en enlevant des vies qui ne valent rien -selon vous-, vous ne seriez pas mieux que ces personnes-là ? Peut-être qu'elles ont tué une personne chère à telle personne, alors vous tuez à votre tour le meurtrier, de plein gré et de sang-froid. Peut-être que votre victime était chère à une autre personne que vous ne connaissiez pas. Alors imaginez un instant que cette personne décide de venger votre victime... vous pouvez vous retrouver dans une chaîne vicieuse. Et là, il ne s'agit ni de définition du bien ou du mal.

Quant à la nature de chacun, elle n'est jamais définitive. Regardez un nouveau-né, est-il déjà tueur à gages dans sa tête ? Est-il déjà intéressé par le fait de gagner de l'argent en vendant des marchandises de tout type ? A-t-il déjà envie de s'en aller, parcourir le monde comme n'importe quel vagabond ? Non. C'est par ce qui l'entoure que ses envies et ses goûts se développent, c'est par ses découvertes ou ce qu'on lui fait découvrir que sa mentalité change. Le nouveau-né devient enfant, adolescent, puis adulte, et n'arrête jamais de découvrir.
Par exemple, vous, vous venez de découvrir une femme stupide, naïve, qui croit en l'existence d'un monde parfait si tout le monde ne s'entretuait pas. Découverte à prendre du point de vue comme vous voulez, mais vous pouvez ainsi voir que tout le monde ne pense pas comme vous, que tout le monde n'a pas forcément des envies de vengeance, que certaines personnes aiment rêver même si elles savent bien que leurs utopies ne pourront jamais se réaliser dans le monde réel. Qu'il existe des personnes qui sont à certains points le contraire de votre personnalité.

Bref, tout ça pour vous dire que je n'essaye pas de combattre votre nature, mais peut-être juste d'inculquer à votre "nature" de tueur une autre vision du monde. Ensuite, si elle ne vous arrange pas parce qu'elle est contraire à tous vos principes, ce n'est pas mon intention de vous forcer à l'accepter. Vous pouvez aussi la garder sans décider de changer de mode de vie ou de pensée -ce qui m'aurait grandement étonnée si vous l'aviez fait. On ne change pas un homme en quelques mots -ni une femme d'ailleurs-, j'en suis bien consciente."

Et tout ça, calmement. Un long monologue pour s'expliquer, peut-être qu'il ne servirait à rien, mais au moins Reflexion aurait dit tout ce qu'elle avait à dire. Si elle avait eu un verre d'eau sous la main, elle l'aurait volontiers bu cul sec pour se désaltérer. A part pour les histoires, les chansons ou les poèmes, elle ne parlait jamais autant à une seule personne, enfin presque.

Après la supposition de Diane, c'est à une tirade de la conteuse qu'il eu droit. Diane était partie, et la jeune femme s'en donna à coeur joie pour expliquer son point de vue au Démoniaque. Un enchaînement d'avis qu'il écoutait sans rien dire, fixant la poétesse, et dont il captait en particulier quelques mots : "chaîne vicieuse", "nouveau-né", "vengeance", "utopies", "changer". Sans savoir pourquoi, ces mots avaient plus d'impact que les autres, et c'étaient surtout ceux-là qui le marquaient. Un instant, il chercha les raisons pour lesquels il s'intéressait à ces bribes de phrases.

Tandis qu'Ascheriit regardait la jeune femme, il se dit que tous deux savaient bien qu'aucun discours, de quelque personne que se soit, ne leur ferait changer d'avis concernant toute cette histoire. Quand il avait suffisamment réfléchit, il la fixa dans les yeux, puis sourit. C'était un sourire étrange, différent de celui apparu quelques temps auparavant, qui se dessina sur ses lèvres. Une lueur dans ses yeux accompagna le tout, et c'est avec une pointe d'amusement dans la voix qu'il lui parla, comme s'il désirait changer de sujet, bien que ce ne fut pas le cas.

"Vous voulez qu'on aille boire quelque chose?"

A force de parler autant -pour ne rien dire, d'après lui, mais bon-, elle devait sûrement avoir la gorge sèche... Et puis, peut-être qu'il pourrait trouver là où ils iraient les raisons de sa venue en ville.






[C'est court, mais je t'avais prévenue ]

Suivant la conteuse d'un pas traînant, pas si pressé que ça, après avoir attendu que la demoiselle récupère ses affaires, les deux jeunes gens s'éloignèrent tranquillement de la place. Ascheriit avançait d'un air absent, se demandant s'il trouverait bien celui qu'il cherchait... C'est donc sans remarquer que la jeune femme s'était arrêtée qu'il lui rentra dedans. Bredouillant un "Excusez-moi", le son fut couvert par la demande de la poétesse. La question qu'elle lui posa le surpris plus qu'autre chose, et il décida d'y réfléchir serieusement.

"Armorsmith, hein?" Chuchota-il, le temps de se rappeler.

Mais, ce Vicros, n'était-il pas...?

"Pourquoi me demandez-vous si je connais un tueur à gages? D'après ce que j'ai compris, vous n'êtes pas vraiment du genre à faire appel à nous..."

Le démoniaque laissa un instant un blanc flotter dans l'air.

"Effectivement, je le connais... Nous nous sommes croisés deux-trois fois pour le boulot, peut-être un peu plus... Je dois avouer que nous n'avons que rarement discuté... Pourquoi cela?"

Il fallait avouer que là, elle avait réussi à piquer à vif la curiosité de l'Ange.

"Vous savez, il est rare qu'un tueur à gages se lie à quelqu'un... Pourtant, je crois que c'est ce qu'il s'est passé, je me trompe? En général, nous préférons nous tenir à l'écart des gens, soit par amour de la solitude, soit parce que ceux qui nous sont chers risquent beaucoup en se tenant à nos côtés. Nous sommes loins d'être des enfants de choeur, après tout..."