Escapade en ville [ Libre ]

Il était temps de découvrir le monde, malgré ce qu'on racontait, malgré les contes et légendes, il fallait que la petite Mélûna découvre le monde par elle-même. Jusqu'à maintenant, elle et ses quelques cinq années d'expérience, avaient joué la prudence extrême, ne sortant du Royaume Magique que très rarement, et restant cachée dans la forêt ou divers endroit introuvable et innaccessible des Etres Vivants, afin de ne pas courir de risques. Maintenant, il en était fini de tout cela. Mélûna avait envie de découvrir le monde et les Etres Vivants et personne ne pourrait se mettre sur son chemin. Elle se l'était promise. Malgré son jeune âge, malgré l'enseignement reçu...

S'étirant doucement, la petite Fée aux longs cheveux blonds s'étira longuement comme un félin ne mesurant pas plus d'une quinzaine de centimètre. Puis, elle descendit de son perchoir - sur une feuille - et but un peu de rosée du matin. Tranquillement, elle se réveillait, avec toujours le même idée en tête : Sortir. Elle était encore jeune, encore peureuse, mais elle voulait changer et visiter le reste du monde, alors pourquoi s'en priver ? Les Humains, les Elfes, les Anges, qu'ils soient démoniaques, Lycans, Sirènes ou normaux étaient à ses yeux totalement fascinants. Et elle se devait d'assouvir sa soif de connaissance. Ce que disait les livres n'étant pas assez approfondi pour elle.

Cherchant la sortie d'aujourd'hui, Mélûna mis quelques quinzes minutes à la trouver, pour ensuite "valider" sa destination et s'éclipser pour Màdiil. La ville humaine, la capitale même.

ZIP.

En une demi-seconde, elle apparut dans un coin sombre d'une ruelle déserte, battant des ailes aussi fortement qu'elle le pouvait, elle prit de l'altitude, sortit de l'ombre et remarqua que le quartier n'âvait rien de très fréquenté et fréquentable. S'asseyant sur un rebord de fenêtre, comme une petite statue vivante, elle se reposa quelques instants. Le voyage l'avait épuisée, elle était bien trop jeune pour que cela ne lui fasse rien du tout. Fermant les yeux, elle se coucha et attendit que la lune se lève, espérant qu'on ne lui ferait pas de mal...

Jadis ne savait depuis combien de temps il avait quitté la demeure d’Alminar ni la Forêt Elfique. Depuis l’incident, il avait comme perdu la notion du temps. Il savait seulement que ces pas l’avaient mené jusque dans l’empire humain.

Pendant son errance, il avait réussi à glaner difficilement quelques renseignements. Il se dirigeait vers Màdiil, la capitale. Pourquoi allait-il là-bas ? Il était incapable d’y répondre. Peut être voulait-il seulement s’éloigner le plus possible de la forêt. Ou alors, il recherchait un endroit où sa timidité serait mise-à-mal. A moins qu’il ne soit à la recherche d’un quelconque déclencheur pouvant débloquer sa mémoire.

Ce n’était rien de tout cela. Bien qu’il veuille se souvenir, il voulait dans l’immédiat oublier le malheur qui pesait sur lui. Et, le meilleur moyen qu’il avait trouvé était de s’épuiser physiquement pour ne pas avoir la force de penser et ressasser ce que lui avait dit Alminar.

C’est donc épuisé de corps et d’esprit que Jadis passa les portes de la capitale peu de temps avant que celles-ci ne soient fermées pour la nuit. Perdu dans sa tête, il n’entendit pas la question qu’un garde lui posa. Pas plus que la réponse qu’il sembla donner, ayant senti sa bouche bouger.

Il marchait tel une âme en peine à travers les rues se dépeuplant à mesure que l’obscurité grandissait et grignotait peu à peu du terrain sur le jour. Dès qu’il voyait une personne qu’il croyait entrain de le dévisager, il rougissait et accélérait l’allure pour s’éloigner.

Le jour était entrain de capituler face à la nuit lorsque le jeune elfe, arrivé dans un lieu totalement isolé sans preuve de vie à proximité, se dit qu’il lui fallait trouver un endroit où dormir. S’allonger à même le sol, ici même, ne le dérangerait pas. Mais, que penseraient les gens qui ne manqueraient pas de le voir pendant qu’il se reposerait ? Il n’en savait rien, mais cela ne l’empêcha pas de fonder des hypothèses qui le firent rougir à nouveau. Il ne pouvait s’empêcher d’attribuer aux gens des pensées à son encontre qu’ils n’avaient pas. Il se résolut donc finalement à trouver un établissement pour y passer la nuit.

Il traversait donc à présent une ruelle plus sombre que les précédentes. Malgré sa nyctalopie, seul trait caractéristique des elfes qu’il possédait, il n’y voyait pas grand-chose. Il titubait plus qu’il ne marchait. Il progressait voûté, trainant les pieds.

* Bon, je vais où maintenant ? Je sais même pas où je suis. Et y’a personne à qui demander de l’aide. Même si je sais que j’en demanderais pas. Pfff, je fais quoi alors ? Pourquoi, je suis parti de chez Alminar aussi ? Pourquoi ? Ca n’avait pas l’air de le déranger que je sois là en plus. Mais, je ne sais pas pourquoi. Qu’est-ce qui s’est passé pour que je me retrouve chez lui ? Pourquoi tout le monde est mort ? Pourquoi ? *

Sans crier gare, Jadis se mit à pleurer en repensant à sa défunte famille. Aveuglé par ces larmes, il se fit un croche-patte et s’affala contre le sol. Il se releva péniblement, le visage recouvert de terre et de poussière.

Il leva la tête, pleurant toujours, pour voir que la lune se levait à son tour. Sa faible clarté éclaira les habitations autour de lui. Et, il crut apercevoir, une silhouette humaine sur un rebord de fenêtre juste au-dessus de lui. Mais, c’était étrange, l’être ne mesurait que quelques centimètres.

* Il m’a vu ? Pourquoi il se moque de moi ? Parce que j’ai trébuché et que je suis tout sale ? Parce que je suis maladroit ? Parce que je ne ressemble pas à un elfe ? Parce que je suis moche ? Pourquoi tout le monde se moque de moi ? J’ai rien fait pourtant. Non, j’ai rien fait. *

Une nouvelle fois, Jadis avait prêté des pensées que l’être en hauteur n’avait sûrement pas eu. Mais, il était ainsi. Et, avant que ces soupçons ne soient confirmés, il décida de quitter la ruelle. Mais, il trébucha à nouveau. Et, cette fois, sa tête heurta le sol plus violemment. Une pierre entailla superficiellement son front.

* J’en ai marre ! Pourquoi ça n’arrive qu’à moi ? *



Il continua à pleurer. Il resta allongé face contre terre, n’osant plus se lever. Il avait honte. Il imaginait la personne entrain de se moquer de lui, et ça il ne voulait pas le voir. Il resterait dans cette position jusqu’à ce qu’il pense que l’observateur soit parti. Mais, il n’entendait aucun bruit, à part celui du vent s’engouffrant dans la ruelle.

Pensant que l’intrus était parti, il entreprit de se redresser.

[Voilà Mélûna, je te laisse lancer la discussion. J'espère que Jadis ne sera pas trop associal ^^]

Petit à petit Mélûna reprenait des forces. Les voyages qui servaient à traverser la barrière qui séparait le royaume féerique des autres, cette barrière qui faisait que ce dernier était en fait comme dans un univers parallèlle était épuisant. Surtout pour une petite Fée sans expérience qui effectuait son premier voyage seule. Chose très peu recommandée mais qui était quand même arrivée. Mélûna était bien trop curieuse. D'habitude, elle demandait de l'aide à d'autres petites Fées pour ne pas rester seule le temps d'être de l'autre côté, car n'ayant pas une bonne connaissance en géographie, elle ne savait jamais ou elle pouvait débarquer, mais cette fois ci, elle était livrée à elle-même. Totalement seule, perdue et épuisée. Avec comme seule pensée pour lui tenir compagnie...

*Pourvu qu'on ne me fasse pas de mal, que les êtres vivants ne sont pas si méchants qu'on le dit et qu'il ne m'arrive rien...*

Mais le sommeil l'avait déjà emporté et la secouait dans des rêves plus étranges les uns que les autres. Dans le premier, Mélûna se retrouvait dans un verre renversé, prise au piège par deux géants qui s'amusaient à le secouer pour lui faire du mal. Puis, la table s'ouvrait et elle glissait dans le suivant. Celui-ci était bien plus coloré, puis doucement les couleurs viraient au rouge et le paysage semblait fondre tout en déversant des vagues de sang. La petite Fée se noyait et le troisième rêve commençait. L'eau se teintait en violet clair, et des sirènes venaient nager avec elle, puis les jolies et gentilles filles se transformaient en requin et la mordèrent viollement ce qui provoqua un réveil instantané...

*Et si ils avaient raison ?

Pensa-t-elle totalement perdue en premier lieu. S'essuyant son front ruisselant, elle reprit ses esprits et contact avec la réalité, se relevant durement sur le bord de la fenêtre, dans cette ruelle sombre qui n'avait pas vraiment l'air d'un lieu que l'on fréquente par plaisir. Se mettant à battre des ailes, elle s'apprêta à partir jusqu'à ce qu'elle voit sur le sol un homme étendu. Il semblait souffrir, il lui semblait qu'il mourrait.

Prudemment, elle s'approcha de lui et vola devant son visage, toujours prête à s'enfuir au moindre problème. Elle posa une main sur le petit sac de poudre à sa ceinture et demanda à l'inconnu d'une petite voix.

- Pourquoi est-ce que tu es couché par terre ? Tu as mal ? Est-ce que tu meurs ? Tu veux que je t'aide ? Tu as envie de rire ?

Sa voix s'affirmait au fil des mots, mais elle ne savait même pas si il l'entendait ou pas. Si la connexion pouvait se faire entre deux êtres si différents qu'ils étaient. Et en plus de cela, elle avait envie d'utiliser sa poudre magique sur lui, mais attendait qu'il soit d'accord. Elle était sûre que si il mourrait, rire le soulagerait, même si cela n'éviterait pas les mots.

Mais, alors que Jadis relevait la tête, une apparition surgit brusquement devant son visage. L’effroi laissa la place rapidement à la honte. Honte d’être vu dans un tel état. Il essuya son visage à l’aide de sa manche, étalant plus que nettoyant. Mais, cela suffit pour que l’émerveillement supplante sa honte passagère.

Jadis avait devant ces yeux une créature qui semblait tout droit sortie des histoires qu’on lui racontait. Elle était même plus jolie que ce qu’il n’aurait jamais pu imaginer. Si c’était un rêve, aussi triste soit-il, il ne voulait pas qu’il s’arrête. Il en resta un instant bouche bée, comme possédé.

- … aide ? Tu as envie de rire ?

Le fait qu’il entende les paroles de la fée, enfin seulement une partie, montra qu’il était de retour. Il ne pouvait pas détacher son regard de l’être ailé. Surtout de ces ailes, battant si rapidement qu’il n’arrivait pas à en suivre le rythme.

* Si j’ai envie de rire ? Je sais pas… euh… bah… je sais pas. Peut être. Je dis quoi alors ? Elle est vraiment trop jolie, pensa-t-il en rougissant. Elle ressemble beaucoup à Näy. Näy ? Nooon, elle est morte, elle aussi. *

Sans avoir rien dit, l’elfe se mit à pleurer. Mais, il n’était pas seul, et cela le gênait. Il renifla alors bruyamment tandis que le flot de larmes se tarissait. Ses yeux embués louchaient sur la fée.

« Je… je veux bien rire, réussit-il à dire avec un sourire triste et pathétique. »
* J’arriverais peut être à oublier que… Non ! Non ! Non ! Je dois pas y penser, pensa-t-il en se faisant violence. *

Il ne savait pas comment cette magnifique petite femme allait faire pour le faire rire. Il avait tendance en ce moment à fondre en larmes à la moindre occasion. Et, tout cela à cause de sa nature fragile et du fait que sa famille était morte. Et, voilà, qu’il rencontrait une personne qui ressemblait un peu à sa sœur, et le voilà repartit. De plus, il trouvait la fée vraiment plus belle que Näy. Et, pourtant, elle n’avait rien à envier aux autres filles, au contraire.

* Je fais quoi maintenant ? Je dois rester allonger, ou bien je peux me relever ? Oui, mais, elle va réagir comment ? Si, ça ne lui plait pas ? Et si elle trouve que je suis trop sale ? Et si je lui fais peur ? Et, si le temps que je me mette debout, elle est partie ? Et, si en bougeant, je me réveille de mon rêve ? J’ai pas envie qu’elle parte, moi. *
« Euh… je… »
* Je vais dire quoi ? Je dois dire quoi ? Ils font comment pour parler à une fée dans les histoires ? Euh… zut, m’en rappelle plus. Je vais devoir y aller au pif, alors ? Mais, pourquoi je tremble ? *

Jadis ne tremblait pas beaucoup, mais suffisamment pour qu’il le ressente. Et, bien qu’en contact avec le sol depuis quelques instants, il n’avait pas froid. Il avait seulement peur. Peur de s’adresser à un songe, peur de parler à une personne qu’il ne connaissait pas. Peur de se faire rembarrer. Mais, il fit preuve de courage et se jeta à l’eau.

« Bonjour… euh non, bonsoir… »
* Zut, je suis vraiment trop… *
« Je m’appelle Jadis, et toi ? lança-t-il d’une traite de crainte de ne pas y arriver. »

Il souriait de joie. Il avait réussi à parler à une inconnue sans trop bafouiller. Et, il était en présence d’un rêve. Le rêve aurait pu être plus agréable s’il s’était relevé, mais il ne l’avait pas encore osé.

[PS: mon prénom est à prononcer : Mélouna]

Restant sur sa faim pour le moment, Mélûna était bien décidée à avoir toutes les réponses des questions qu'elle avait posée dans le vide auparavant. Il n'avait pas fait mine de l'attaquer, alors il était gentil ? Non pas forcément, elle se souvenait qu'on lui avait dit que parfois les êtres vivants étaient tellement perfide et méchant qu'ils pouvaient faire semblant d'être gentils jusqu'à ce qu'ils n'aient plus besoin de nous, puis nous tuer sans pitié ni âme. Un léger frisson parcourut le petit corps de la Fée, mais elle ne dit rien à ce sujet, il ne dut même pas être perceptible pour le jeune homme couché par terre qui était vraiment immense pour elle et sa quinzaine de centimètre. Tout était tellement énorme ici, tout était tellement surdimensionné que c'était bizarre de voyager et de passer pour un mythe ou une décoration. Ou alors un rêve. Mélûne hésita un peu, l'écoutant sans un mot. Devait-elle lui dire son nom ?

- Je m'appelle Mélûna !

Puis revenant à ce dont elle pensait auparavant, elle désigna son petit sac de poudre qui était de couleur brune, comme un vulgaire sac sans valeur qui ne contenait rien d'important. Mais lorsqu'elle l'ouvrit, une forte lumière rose scintillante s'en échappa et l'aveugla l'histoire d'une demi seconde. Pour elle, à son échelle, la lumière lui paraissait magique - elle l'était - mais également extrêmement forte. Tandis que pour l'humain, il n'avait sans doute même pas vu qu'un seul minuscule flash. Prenant une petite poignée de poudre, elle s'approcha un peu plus de lui et lui dit simplement.

- Normalement, ça te donnera un comportement joyeux et euphorique ! Mais je ne pense pas qu'il y en ait vraiment assez pour te donner un fou rire. Tu es... immense !

Sa voix se faisait un peu timide sur la fin de sa phrase, puis, en hésitant un peu, tout en continuant à battre frénétiquement des ailes, elle s'approcha de lui un peu plus et jeta la petite poignée de poudre sur son cou, essayant de la faire infiltrer dans ses vêtements. Il était aisé de faire rire aux éclats une petite Fée, mais avec la quantité utilisée sur lui, il ne devrait avoir qu'un grand sourire aux lèvres et un comportement légèrement euphorique, ce qui permettrait à la petite Fée de continuer à lui poser des questions. Mais si par hasard il devenait méchant, elle avait un plan de secours... Utiliser plus de poudre qui lui ferait se tordre de rire et elle aurait le temps de se cacher ! C'était une des raisons pour lesquelles elle se gardait bien de dévoiler son petit pouvoir reçu à la naissance comme on le lui avait appris.

- Pourquoi tu pleures ? Pourquoi tu es par terre ? Est-ce que tu vas mourir ?

Demanda-t-elle encore d'une petite voix audible pour le jeune homme. Mélûna était curieuse et avait une soif insatiable envers toutes les nouveautés imaginables. Et ce monde n'avait rien de commun pour elle qui n'avait que quelques années d'expérience, et la plupart passée dans le royaume Féerique !

Le sourire encore aux lèvres, Jadis écouta avec délice la voix mélodieuse de Mélûna donnant son nom. Son parler était aussi enjôleur que sa beauté. Il ne pouvait détacher son regard de la petite femme ailée. Mais, une larme perla le long de sa joue et son sourire disparut rapidement lorsqu’il se remémora Näy.

Sur la larme perlant sur son menton, une faible lueur rosée se refléta. Une lueur fugace, autant que la vie de la larme qui finissait déjà sa vie dans la poussière. Jadis crut voir la lumière, mais prit cela pour une hallucination liée à son chagrin et sa rencontre avec la créature féerique.

- Normalement, ça te donnera un comportement joyeux et euphorique ! Mais je ne pense pas qu'il y en ait vraiment assez pour te donner un fou rire. Tu es... immense !

Jadis se mit à sourire. Etait-ce à cause du fait qu’elle ait dit qu’il était immense ou autre chose, il ne le savait point. Même si déjà qu’on lui dise qu’il était immense était suffisamment rare pour qu’il s’en réjouisse. Lui, dont on se moquait car il faisait une tête de moins que le reste de sa famille, sa petite sœur Alanylée de trois ans sa cadette comprise.

La pensée d’Alanylée le rendit triste, mais étrangement il ne pleurait pas, il continuait à sourire, béatement. Il ne comprenait pas pourquoi alors que tout à l’heure il avait pleuré en pensant à Näy, il n’arrivait qu’à sourire au souvenir d’Alanylée. Cela voulait-il dire qu’il aimait moins sa petite sœur que la grande ? Il ne pouvait se résoudre à répondre par l’affirmative, mais alors comment l’expliquer ? Lui, qui idolâtrait quasiment ses sœurs car, elles, elles ressemblaient à des elfes, gracieuses, agiles et belles.

- Pourquoi tu pleures ? Pourquoi tu es par terre ? Est-ce que tu vas mourir ?

L’elfe entendit avec difficultés les questions de la fée. Comme si cette dernière hésitait à les poser. A moins qu’il n’ait tout simplement des ennuis auditifs, temporaires, liés à sa chute et sa position allongée.

« Je pleure… »
* Enfin, pleurais. Maintenant, j’ai beau être triste, j’ai plus de larmes. Peut-être qu’elles se sont taries. *
« Je pleure à cause de ma famille, dit-il avec le sourire et une voix triste, mélange bien étrange. Elle… Enfin, ils sont… Non, je ne veux pas y repenser, rajouta-t-il un peu sèchement. »

Pourquoi était-il par terre ? Une question qu’il s’était lui-même souvent posé. Même si les réponses possibles, il les connaissait toutes. Et, la principale, c’est qu’il était la honte des elfes.

« Je crois que j’ai buté dans une pierre et que j’ai trébuché, répondit-il avec honte. »

Par contre, la dernière question, il ne la comprenait pas. Il ne voyait pas le cheminement que la fée avait suivi pour arriver à la poser. Mais, peut être que chez elle, dans son pays magique et féerique, les personnes se retrouvaient face contre terre avant de mourir. Il ne connaissait rien du monde à part ce que lui racontait sa famille.

« Je ne crois pas que je vais mourir. C’est trop tard pour ça. Un mois trop tard, rajouta-il mélancoliquement. »

Puis, sans que rien ne le laisse présager, Jadis commença à rigoler. Un rire incontrôlable. De la poudre de la fée devait avoir filtré en bloc à travers les vêtements d’un coup. Il en avait les larmes aux yeux. Il ne savait pas depuis combien de temps, il n’avait pas rigolé ainsi. Une partie de son cerveau épargnée par cette euphorie lui répondit que c’était la première fois de sa vie qu’il éprouvait une telle joie, autant de bonheur.

« M… M… Mer… ci… Merci, hoqueta-t-il. Dis… Mélûna, c’est ça ? demanda-t-il pendant une courte accalmie de son fou rire. Si, je me relève, tu seras encore là ? Tu n’auras pas disparu ? rajouta-t-il avec une pointe d'effroi dans la voix »

Mélûna avait un peu peur, toujours aussi peur que tout ce qu'elle avait appris se réalise réellement et qu'il soit méchant. Ecoutant ce que le jeune homme avait à dire, elle sourit tristement, elle était très curieuse à propos de sa famille désormais. Elle, elle n'en avait pas réellement, enfin, pas génétiquement évidemment, sa famille était son peuple. Mais lui ? Qui était sa famille ? Et pourquoi pleurait-il pour eux ? Elle ne comprenait que vaguement et sa curiosité était d'autant plus attisée.

- Ou est-ce qu'ils sont ta famille ? Pourquoi tu es tout seul ? Tu sais, moi ma famille c'est tout mon peuple, j'ai pleins de frère et de soeur de cette façon. Et toi tu as des frères et soeurs ?

Dans sa lancée elle parla incessement, ne sachant pas si elle dérangeait ou pas. Mais elle ne savait pas ce qu'il se passait de son coté, elle n'imaginait pas que les choses étaient grave ce qui expliquait le fait qu'elle parle aussi librement et ose lui poser des questions aussi franches.

- Pourquoi tu ne veux pas pensez à ta famille ? Tu ne les aimes pas ?

Un doute s'installa dans la petite Fée. Il ne voulait pas y pensez ? Etait-ce parce qu'il ne les aimait pas ? Elle avait appris une fois par hasard que certaine personne n'aimait pas leur semblable. Et que d'ailleurs sur les Terres de Shaïny, les gens naissaient de l'entraille d'une femme et non pas d'une plante comme elle même.

- Qu'est-ce qu'il y a eu ? Ils sont ou ?

Toujours aussi insistante, il avait parlé d'un mois auparavant ? Qu'y avait-il eu ? Un problème ? Pourquoi cette terre avait-elle autant de problème et de malheur alors que les Fées vivaient si bien. Et d'ailleurs pourquoi les Fées étaient parties de ses terres si auparavant elles en avaient été les gardiennes ? Tant de réponses restaient floues dans sa tête, assez pour lui donner mal au crâne, mais elle n'y fit rien...

- Oui, je ne vais pas partir. A moins que tu essaies de me manger !!! Mais malheureusement je ne crois pas avoir assez d'énergie pour rentrer chez moi... Je suis perdue ici... Peut-être à jamais.

Jadis entendit Mélûna poser des questions sur sa famille. Il était triste à chaque fois qu’on en faisait mention ou qu’il y pensait. Et, il y pensait fréquemment ces derniers jours. Seulement, la poudre que la fée semblait avoir des effets bénéfiques sur sa tristesse. Elle lui paraissait moins profonde, la joie semblait pouvoir faire partie de sa vie. L’elfe ne savait pas à quoi attribuer cette euphorie excepté à la fée.

Pourtant, même lorsque sa famille était en vie, il n’avait jamais vraiment été si heureux que cela. Pourquoi avait-il fallu que tous ceux qu’il aimait meurent avant qu’il puisse éprouver du bonheur ? Cela voulait-il dire que c’est lui qui les avait tués ?

* Non ! Non ! C’est pas possible, j’aurais jamais pu. J’aurais… Je… J’en sais rien. Pourquoi, je ne me rappelle de rien ? *

Alors que Jadis allait une nouvelle fois sombrer dans les ténèbres de sa solitude et sa tristesse, il se remit à rigoler. La poudre faisait toujours effet.

Il se dit qu’il ne saurait jamais ce qui c’était passé ce jour-là, s’il ne disait pas ce qu’il savait. Alors, bien que luttant pour ne pas pleurer malgré la joie, ou alors ce qu’il croyait être de la joie, qu’il ressentait, il se décida à parler de sa défunte famille.

Mais, avant de commencer, il préféra se lever. Il le fit lentement pour ne pas effrayer Mélûna. Il garda les yeux grands ouverts de peur que la fée disparaisse s’il les fermait. Une fois debout, il eut du mal à ne pas faire attention à sa tenue, il était totalement recouvert de terre. Il se baissa pour pouvoir parler avec la petite créature, réfrénant à grand-peine les rires provoqués par la poudre magique.

« Oui, j’ai des frères et sœurs. Ma grande sœur Näy, mes petites sœurs Alanylée et Riannralieth et aussi Narnil, le petit dernier. Et, je les aime tous, dit-il cette fois en haussant légèrement le ton, comme s’il n’en était pas sûr et voulait se convaincre. Et, si je ne veux plus penser à ma famille, c’est… c’est… »
* Allez, je vais réussir à la dire. Si je n’y arrive pas, c’est que je suis vraiment un moins que rien. Si, je n’y arrive pas, j’aurais mieux fait de… Non, allez, c’est bon. Je vais y arriver. Je vais y arriver. Je vais y arriver ! *
« C’est parce que ma famille est… parce qu’elle est morte. Tout le monde, sauf moi. Et, je sais pas ce qui a pu arriver. »

L’elfe s’arrêta là, car il était trop triste pour en dire plus, et surtout car il se mit à rire à nouveau. Cela fut heureusement très court. Puis, le calme ayant fait son retour dans l’esprit de Jadis, il se rappela les dernières paroles de la fée.

« Dis, tu sais où on peut manger ici ? Et… où on peut se laver ? rajouta Jadis en voyant l’état pitoyable dans lequel il était. »

La détresse dont Mélûna semblait faire preuve en parlant de son impossibilité de rentrer chez elle le toucha.

« Mais non, ne dis pas ça. Tu arriveras bien à trouver un moyen de rentrer chez toi. »
* C’est pas comme si tu n’avais plus de chez toi. C’est pas comme… Ah, zut, faut que j’arrête de m’apitoyer sur mon sort ! *
« Et, si tu veux, je peux essayer de t’aider à retourner chez toi, proposa Jadis avec un sourire sincère qui n’était pas dû à la poudre magique. On aura plus de chance de trouver ce qu’on chercher à deux, non ? »

Rester penché avait épuisé l’elfe. Il ne pouvait maintenir cette position. Mais, ne voulant pas effrayer la fée, il ne se remit pas debout, mais s’assit, se salissant davantage au passage.

Un peu choquée, la petite Fée s'emmêla dans ses battements d'ailes et faillit tomber à terre, se rattrapant de justesse, éoussetant ses vêtements d'un revers de main, gardant un sourire triste affiché sur son joli et mini minois. Elle était désolée pour lui et compatissait du plus profond de son coeur, tout en sachant que cela ne les ramenerait pas à ses côtés. Toujours aussi compatissante, elle s'approcha de lui tout près et déposa un petit baiser sur sa joue pour lui signifier qu'elle lui donnait toutes ses condoléances. Elle avait appris que c'était à peu près ainsi qu'on faisait il y a longtemps, même si encore elle n'avait pas vécut quleque chose de la sorte qui la touche de près. Les Fées étaient immortelles. Elles ne pouvaient pas mourir de vieillesse à ce qu'elle avait appris, mais seulement de maladie, ou d'assassinat et diverses choses comme ça. Mais ce n'était pas joyeux. Elle lui demanda cependant toujours aussi joyeusement même si ce n'était pas de circonstances.

- Quand ils sont morts ... Ou est-ce qu'ils vont ?

Sa question était bourrée d'innocence et d'incompréhension. Elle était sûre que les gens allaient quelque part, une sorte d'endroit ou tu serais parfait et heureux, mais malheureusement elle ne connaissait pas de mot pour caractérisé une chose comme celle-ci. Puis il lui demanda un endroit ou il pourrait se laver et se reposer. Mélûna réfléchit tout en s'élevant un peu dans les airs pour redescendre doucement, toujours au niveau de son visage. Elle haussa les épaules tout en désignant un bâtiment de l'autre côté de la rue d'en face qui était un peu plus éclairée.

- Je crois que les gens vont là-dedans et qu'ils appellent cela une... 'berge ? Une Auberze ? Oh zut je ne sais plus le mot...

Dit-elle avec un léger sourire honteux et ses joues rossissantes. Chez elle, il n'y avait pas de lieu comme ceci, ou pas exactement comme cela. Mais ayant sentit les gens défiler toute la journée, elle pensait que c'était ça qu'il cherchait. Un endroit ou dormir et se reposer... Elle quand elle voulait dormir, elle se couchait sur une feuille et fermait ses petites paupières.

- Mais si tu y vas, je ne peux pas venir avec toi. Personne ne doit me voir, ou savoir que j'étais ici. C'est la loi !

Son air se fit un peu plus grave. Elle avait appris des règles à ne jamais, au grand jamais, transgressé et comme toutes petites Fées, elle les respectait comme si cela en dépendait de sa vie. Car effectivement c'était le cas. Se détendant un petit peu, elle battait cependant des ailes encore plus rapidement pour se maintenir en vol. Elle commençait à fatiguer. Elle lui répondit à sa proposition toujours aussi gentiment, mais franche. Car elle se devait de lui dire la vérité, même si malheureusement cela ne pouvait concerner que les Fées.

- C'est gentil de vouloir m'aider, mais les gens ne peuvent pas voir le royaume ou j'habite, d'ailleurs ils disent que vous ne connaissez pas même son existence ni son emplacement et que les portes vous sont fermées...

Jadis réprima un cri lorsqu’il vit que la fée faillit tomber. Heureusement, elle n’eut rien. Mais le jeune homme peinait à ralentir le rythme de son cœur. Le choc qu’il venait d’éprouver avait eu pour effet d’arrêter la magie de la poudre de Mélûna.

Mais, elle avait eu le temps de faire son travail et de renforcer les défenses mentales de l’elfe face à la tristesse et au souvenir de sa famille. Il put donc répondre à la question concernant l’endroit où ces membres étaient partis.

« Je ne sais pas vraiment, mais je crois qu’on les a enterrés où nous vivions. »
* Pourquoi, j’ai l’impression d’avoir dit une idiotie ? *

Puis, avant qu’il ne puisse chercher ce qui n’allait pas dans sa réponse, le sujet de l’auberge fut abordé.

« Je crois que c’est une auberge, enfin c’est ce que ma famille disait. Même si je ne sais pas pourquoi on appelle ce lieu ainsi. »

Puis, il fut apeuré à l’idée que Mélûna ne parte lorsqu’elle lui dit qu’elle ne pouvait pas venir avec lui. Et, attristé, lorsqu’elle lui annonça en quelque sorte qu’il ne pouvait pas l’aider.

« Mais pourquoi tu peux pas être vue ? Moi, je te vois pourtant. C’est quoi cette loi qui t’empêche d’aller où tu veux ? Pourquoi tu dois suivre quelque chose d’aussi injuste ? »

Jadis tapa du poing par terre car il était indigné que l’on puisse emprisonner ainsi une si magnifique créature. Aussitôt après, il se massa la main car le sol était plus dur qu’il ne paraissait.

« Même si je ne sais pas où tu habites, je peux quand même t’aider. Pourquoi parce que je ne sais pas d’où tu viens, je ne pourrais pas t’aider ? Je peux au moins essayer. »

L’elfe semblait désespéré, il ne voulait pas que la fée l’abandonne. Il ne voulait pas que son rêve se finisse si rapidement et si brutalement. Et, il se sentait bien avec elle. Il arrivait à tenir le coup dès qu’il repensait à une personne disparue.

« Je veux rester avec toi, en t’aidant comme je le pourrais, s’exprima Jadis avec vigueur. Et, même si j’aime pas ta loi, je mangerais autre part, et je me laverais dans… une rivière. Et puis, si tu ne veux pas de mon aide, je… »
* …m’en fiche, je te suivrais quand même. Non, mais, c’est vraiment un truc à dire ? Pffff… *
« … je serais triste. J’ai pas envie que ça se termine comme ça. Je veux continuer. »

Il se remit debout, près à suivre la fée dès qu’elle partirait. Qu’elle veuille ou pas de son aide. Il était déterminé à se raccrocher à ce qui ressemblait le plus à un rêve. Aussi longtemps que son corps le soutiendrait.

« S’il te plait. Permets-moi de t’aider. Ne serait-ce qu’un peu. »
* Je veux me sentir utile et faire quelque chose pour ne pas ressasser inutilement ce qui s'est passé alors que je ne m'en rappelle plus. Je veux pas rester inactif, sinon je ne sais pas si je tiendrais longtemps. Je veux pouvoir faire quelque chose de ma vie. Je ne veux pas que le rêve se finisse ainsi... *

Mélûne fut surprise et le choc lui fit couper la respiration pendant une demi seconde. Pourquoi avaient-ils enterré des gens ? Pourquoi les mettre sous la terre et les empêcher d'aller ailleurs ? Elle ne comprenait visiblement pas pourquoi ils étaient parti se faire enterré, ça n'avait strictement aucun sens à ses oreilles de petite Fée qui n'avait même atteint sa majorité, si l'on veut. Elle fut vraiment secouée, mais ne dit rien, peut-être par respect, peut-être par peur, sachant que la deuxième solution était la plus probable. Laissant le sujet passer, elle sourit, oui une auberge, c'était ce mot là dont elle ne se souvenait pas auparavant. Chez elle, il n'y en avait pas, ou alors elle n'en avait jamais vue, donc c'était une tout autre histoire. Elle acquiessa, contente d'avoir réapprit ce mot, dont elle se souviendrait désormais c'était inéluctable. Mélûna décida de s'asseoir sur le sol histoire de lui expliquer clairement la situation. N'avait-il jamais entendu parler des Fées ? C'était une des premières choses à mettre au clair.

- Dit, tu n'as jamais entendu parler de nous ? Ou vu l'une d'entre nous auparavant ? Ou alors entendu des histoires à notre propos ?

S'enquit-elle un peu stressée à cette idée. N'étaient-elles qu'un mythe pour eux ? Ou alors des êtres magiques partis, comme les dragons auparavant ? Ou alors simplement rien du tout. Elle n'avait aucune idée de ce que savait les gens ou de ce qu'ils ne savaient pas et cela avait quelque chose de stressant vu qu'elle ne pouvait de ce fait pas prévoir leur réaction envers elle. Peut-être voudraient-ils la capturer ? Ou alors la tuer ? Ou alors l'obliger à leur montrer leur royaume désormais secret - et ce depuis l'apparition des hommes sur terre ?

- Je... veux bien rester avec toi tu sais. Juste que on ne vit plus parmis vous depuis des millénaires- ou moins, je ne sais même pas -, donc je ne sais pas comment les gens réagissent à notre approche.

Dit-elle avec un joli sourire qu'elle n'était même pas sûre qu'il pouvait voir sur son petit visage, lui qui semblait si énorme à ses yeux. Elle ne voulait pas l'abandonner, c'était le premier etre à qui elle parlait et elle avait surement un tas de choses à apprendre avec lui. Mais en même temps, sa famille allait lui manquer, mais elle ne savait pas comment rentrer...

« Si, j’ai déjà entendu parler de vous, surtout par… mon oncle. Il était passionné par le passé et par les peuples de ce monde, rajouta Jadis avec un court instant de silence. Je n’avais jamais vu quelqu’un comme toi. Même si mon oncle, Avatain, dit avoir vu des personnes qui te ressemblaient. Pour moi, c’est la première fois. Il m’avait dit que vous viviez cachées, mais quand je lui avais demandé où, il m’avait seulement répondu que si vous vous dissimuliez, c’est qu’il y avait une raison et qu’il ne me le dirait pas. »

Jadis était étonné de se rappeler d’une conversation qu’il avait eu quelques années de ça. De surcroit avec son oncle. Il l’avait toujours trouvé bizarre, distant. Mais, il l’aimait, tout comme les autres membres de sa famille. Qui n’était malheureusement plus. Le jeune elfe secoua la tête pour se sortir de sa rêverie. Juste à temps pour entendre à nouveau la voix enchanteresse de Mélûna.

« C’est vrai, tu veux bien rester avec moi ? dit-il émerveillé. Merci beaucoup ! Je te promets que je ferais tout ce que je peux pour t’aider. Et puis, pourquoi tu voudrais que les gens réagissent mal en te voyant ? Tu es si… jolie et gentille, rajouta-il en rougissant. Personne ne pourrait te vouloir de mal. »

Mais, Jadis parlait en parfaite personne ne connaissant pas non plus le monde extérieur. Il n’était parti de chez lui qu’il y a seulement un mois. Et, durant cette période, il n’avait pas vraiment eu le temps, ni saisi l’occasion, de découvrir ce qu’il y avait en dehors de son ancien monde étriqué qu’était le lieu de résidence de sa famille. Il ne connaissait pas vraiment les gens qui le peuplaient. Il avait uniquement rencontré des personnes ayant de bonnes intentions à son égard, alors pour lui, les résidents de Shaïny ne pouvant être méchants ni vouloir un quelconque mal à Mélûna.

Content et plus que ravi que la fée veuille bien de sa compagnie, il ne savait pas par où commencer les recherches. Il avait pourtant promis de l’aider, mais il savait que pour le moment, il était plus un poids qu’une aide. Il réfléchissait le plus rapidement possible, mais il ne trouvait rien. La fée ne voulait pas aller dans des endroits trop fréquentés. Lui non plus, n’étant pas habitué aux foules. Seulement, il leur faudrait pourtant se résoudre à se mêler à la populace pour avoir des informations susceptible de les aiguiller. Mais, il ne pouvait se résoudre ni à forcer Mélûna à se retrouver en compagnie d’étrangers ni à la quitter pour se renseigner et se retrouver seul au milieu de tant de gens.

« Dis Mélûna, tu penses qu’on devrait commencer à chercher où ? Tu crois qu’il existe quelqu’un qui en saurait plus sur les fées que nous ? »

Jadis se rappela que son oncle lui avait parlé de personnes qui connaissaient plus d’histoires que lui. Malheureusement, il n’arrivait plus à se souvenir de qui il voulait parler.

« Mais, il parlait de qui Avatien ? pensa-t-il à voix haute. Des historiens, je crois. Ou bien des raconteurs. Zut, il m’avait dit qu’il faisait d’autres choses aussi comme jouer de la musique, ou faire des tours, je crois. Zut, je crois que ça commence par B… quelque chose. »

Jadis rageait intérieurement de ne pas trouver le mot qu’il cherchait. Il savait pourtant qu’il l’avait sur le bout de la langue. Mais, il lui manquait le déclencheur, le déclic, l’indice qui lui permettrait de trouver rapidement. Il était conscient qu’une fois qu’il s’en rappellerait, il se dirait que c’était évident. Seulement, ça ne l’était pas pour le moment.

C'était invraisemblable, Jadis était la personne la plus innocente et Candide que Mélûna n'ait jamais rencontré. Il était un peu comme elle, sauf qu'au moins, elle avait du suivre des sorts de cours sur le monde extérieur afin d'éviter de courir à sa perte si elle sortait une fois que ce soit seule ou accompagnée. C'était bien le B.A-ba des Fées cela. Enfin à ses yeux au moins et même si elle devait rester prudente, elle avait envie de découvrir le monde. Avec un joli sourire, elle rougit légèrement lorsqu'il lui dit qu'elle était gentille et jolie, on ne lui avait encore jamais fait de compliment jusqu'à aujourd'hui et elle en fut toute retournée. Mais évidemment, elle essaya de se reprendre rapidement, puis de lui répondre.

- Je suis si fatiguée

Ce fut la seule chose qu'elle réussit à dire. C'était dans les gènes de pouvoir retourner chez elle en cas de problème ou quand elle en aurait vraiment envie donc de ce côté là elle ne se faisait pas encore trop de souci. Mais sinon, bien qu'elle ait dormi à son arrivée, elle ne se sentait pas encore en pleine forme.

- Ne t'inquiète pas, on m'a dit que dès que je serais en danger ou que j'aurais vraiment envie de rentrer je comprendrais toute seule comment faire et je pourrais prendre la prochaine porte pour rentrer chez moi !

Elle ne voulait pas qu'il se fasse de souci ou qu'il se sente mal pour elle. Mais malheureusement il ne pouvait rien faire pour l'aider car lesdites portes n'apparaissaient pas toujours au même endroit ni au même moment. C'était une histoire de flux d'énergie c'est ça ? Mélûna n'en avait pas la moindre idée, mais pensait que ce devait être quelque chose comme ça, vu que leur royaume était bien protégé.... S'étirant doucement, et toujours assisse par terre, elle s'allongea et s'endormit presque. C'était l'endroit le plus dangereux du monde, mais elle avait sommeil. Donc espérons qu'il l'aiderait à se cacher, comme du genre, la prendre, et la cacher pour pouvoir aller dans une auberge.

Alors comme ça, la fée n’avait pas vraiment besoin de lui pour rentrer chez lui. Il en fut légèrement attristé. Mais, si elle lui permettait de rester avec elle, cela voulait tout de même que sa présence ne la dérangeait pas. Et, aussitôt, la tristesse passagère fit ses valises pour laisser la place au bonheur. Il allait finalement peut être pouvoir vivre une des aventures que son oncle lui racontait. Sans toutes les péripéties, les obstacles et les méchants évidemment. Du moins, l’espérait-il.

« Mais, tu n’as aucune raison d’être en danger. »

Puis, sans crier gare, bien qu’elle ait prévenu, la fée s’endormit. En plein milieu de la ruelle, à la vue de n’importe qui passant par là. Heureusement, le passage était peu fréquenté, voire pas du tout. Lui qui venait juste de dire qu’elle ne risquait rien, voilà qu’il craignait qu’il lui arrive quelque chose. Elle semblait si vulnérable, allongée sur le sol, entourée par les habitations.

Il devait faire quelque chose, mais quoi ? Il ne pouvait pas la laisser ici. Mais, alors il devait l’emmener. Mais où ? Elle lui avait dit qu’elle ne devait pas être vue. A cause des lois de son peuple. De plus, Jadis commençait à être sacrément fatigué lui aussi. Il ne connaissait pas beaucoup de lieux où se reposer dans les villes à part les auberges. Et puis, il trouvait la loi stupide. C’était donc décidé, il y irait à l’auberge avec Mélûna.

L’elfe se pencha vers la fée. Il tendit la main vers elle, mais suspendit son geste. Il allait vraiment toucher une fée ? Mais, en avait-il le droit ? Il luttait pour savoir s’il pouvait ou non la prendre. Puis, soudain, il entendit un bruit dans son dos qui le fit sursauter. Par réflexe, il attrapa Mélûna un peu brusquement et la cacha aux éventuels regards.

Il tourna la tête par curiosité, en faisant en sorte qu’on ne puisse apercevoir la fée, vers la source du bruit. Il ne s’agissait que d’un chat donc il vit les yeux refléter la lumière de la lune. Rassuré, il se détendit, et desserra son étreinte. Ouf, il n’avait pas fait de mal à Mélûna.

D’un pas décidé, Jadis se dirigea vers l’auberge. Durant le court trajet, il chercha un moyen de dissimuler plus efficacement la fée que dans ces bras. Et, juste avant d’arriver, il en trouva un. Un peu mieux, mais pas le meilleur. Il avait déchiré une manche de sa chemise, et il avait caché Mélûna à l’intérieur. Il portait à présent sa manche autour du cou, comme un collier.

Il pénétra dans l’auberge, et après un moment de peur en voyant le monde qu’il y avait, il se dirigea vers le comptoir, une main toujours sur la cachette de la fée. Il demanda une chambre à l’aubergiste avec beaucoup de difficultés. Il paya le prix demandé avec l’argent que l’ami de la famille qui l’avait hébergé lui avait donné pour l’aider. Il lui faudrait trouver un moyen ultérieurement pour augmenter son pécule qui diminuait à vue d’œil.

Dès qu’il connut la chambre qui lui était attribuée, il s’y dirigea de suite. Il ne faisait plus attention aux personnes autour de lui. Il ne pensait qu’à une seule chose : dormir. Aussitôt dans la chambre, la première chose qu’il fit après avoir fermé la porte, fut de libérer la fée de son étrange cachette. Il la laissa dans la manche, mais lui laissait à présent la possibilité d’en sortir. Puis, il s’allongea sur la paillasse, et s’endormit sans demander son reste.

La phrase de Jadis résonna dans sa tête un instant. Aucune raison d'être en danger ? Au contraire même. Comment pouvait-il dire cela ? Mélûna aurait voulu le croire mais c'était impossible avec ce qu'elle avait appris, elle privilégiait son savoir plutôt que celui de son compagnon du moment. Et encore heureux à mon avis. S'endormant rapidement, elle sentit tout de même quelqu'un la serrer avec poigne et froisser ses ailes, puis plus rien du tout. Une nuit agitée se profila toute la nuit. Remplie de rêve, de cauchemard et de peur. Enfin, après une longue nuit, elle se réveilla. S'étirant comme un chat, elle remarqua que ses ailles étaient en effet toutes froissées et l'empêchait de voler pour le moment...

Marchant, elle se rendit sur la table de nuit ou il y avait un verre d'eau et se baigna comme elle pouvait à l'intérieur afin de défroisser ses ailes si fines et si fragiles ainsi que d'être présentable pour la journée. L'eau cependant la glaça jusqu'aux os. Jamais elle n'avait vu une eau si bizarre et transparente, ce n'était pas la même dans laquelle elle se baignait près de la fleur d'Aluna Mia. Tout au contraire, celle ci ne semblait pas guérir, mais plutôt rendre malade. Eternuant une fois, elle sortit et vola devant la fenêtre, essayant de sortir, elle se cogna la tête contre la vitre transparente et tomba sur le rebord de la fenêtre.

Puis, elle remarqua que Jadis était toujours là. Elle s'assit donc et attendit tranquillement que celui ci se lève. Mais elle ne savait pas si elle devait rester avec lui ou simplement retrouver les siens qui lui manquait cruellement...

La nuit que passa Jadis fut calme. Pour la première fois depuis l’incident, il n’avait pas été réveillé par des cauchemars. Au réveil, il ne se souvenait déjà plus de ce qu’il avait rêvé, mais il savait que cela n’avait pas été désagréable. Il n’y avait qu’une seule chose qui le dérangea ce matin-là, il avait extrêmement soif.

Il se redressa et s’assit sur le bord du lit. De ces yeux mi-clos, il aperçut un verre d’eau salvateur. Il le but d’une traite. Réhydraté, il se leva complètement et s’étira. Puis, ces yeux embrassèrent les murs de la pièce dans laquelle il avait dormi. Pendant un court instant, l’inquiétude se peignit sur son visage. Mais, il se remémora les évènements de la veille et il retrouva son calme.

« Mél… Mélûna, redit-il à voix basse se rappelant la loi stupide que la fée devait suivre. T’es où ? »

Puis, il la vit près de la fenêtre.

« Ah, tu es là. Ca va ? Je t’ai pas fait trop mal hier ? demanda-t-il avec une pointe d’inquiétude. »

Jadis fut interrompu par son estomac qui cria famine et gargouilla.

« Oups, pardon. Dis, tu as faim ? Tu veux que je te ramène quelque chose ? »

Sachant qu’il devrait sortir et se retrouver en compagnie de beaucoup de personnes en même temps, il se recoiffa. Pendant quelques secondes, il tritura ces cheveux, puis arrêta sachant que cela n’avait eu aucun effet.

« A moins que tu ne veuilles partir tout de suite ? Mais, je sais pas si j’ai mieux que ma manche pour te cacher. »

[Désolé pour l'attente et le manque d'imagination.]

(( t'en fais pas ce n'est pas grave ! ))

Mélûne était totalement perdue dans ses pensées, elle regardait dehors rêveusement. Elle réfléchissait à tout ce qu'elle avait vécut depuis qu'elle avait quitté le bercail et se demandait vaguement si elle avait fait le bon choix ou non ! Enfait, le seul problème qui se posait était de rentrer chez elle, dans le royaume féérique dans lequel elle avait grandi, enfin disons pris de l'expérience car une petite Fée "nait" directement à sa taille normale ! Une légère buée s'était déposée sur la vitre et la petite Fée dessina joyeusement son nom en sorte de signes étranges qu'elle avait appris il y a peu. Tout était bien ici, elle se sentait à l'aise. Mais elle ne savait pas encore pourquoi. Un bruit finit par se faire entendre, elle tourna la tête vers Jadis qui semblait s'agiter un peu. Puis, il se calma et elle comprit enfin ce qu'il se passait.

- Oui je suis là ! Ne t'en fais pas je vais bien... Est-ce que tu as bien dormi ?

Elle lui sourit mais resta sur le bord de la fenêtre, bien installée à nouveau, en tailleur, passant une main dans ses cheveux, puis rougissant un petit peu. Non, elle se sentait bien mais la situation était un peu trop étrange, jamais elle n'avait vécut quelque chose de similaire, rien que parce qu'elle n'était jamais sortie de son nid douillait.

- Oui, j'aimerais bien un petit peu de pain si tu pourrais trouver.

Elle sourit encore une fois, en fait, non son sourire n'avait jamais disparu de son visage d'ange. De minuscule ange, de petite Fée, tout simplement ! Puis il lui demanda si elle voulait partir tout de suite... Non, au contraire, elle ne voulait pas rentrer, c'était bien trop tôt. Ici tout semblait différent et elle voulait en apprendre plus sur ce monde où ses soeurs avaient "reigné", enfin, ayant été les gardiennes !

- Non, j'ai envie de rester ! Vraiment, je me sens bien ici... Tout est si différent ! C'est la première fois que je sors...

Elle battit des ailes doucement de sorte de s'élever dans les airs, restant toutefois en tailleur. Elle s'était beaucoup entraînée pour réussir. Ce n'était pas évident de le faire à cause de l'équilibre ! Enfin bref, elle était fière et se montrait bien, enfin, juste pour voir...

Ouf, il n’avait pas fait de mal à Mélûna, du moins elle eut la bonté de ne pas le lui dire. Il en fut soulagé. Elle allait bien. Très bien, même. Du moins, il le pensait. De toute façon, une créature aussi belle que la fée ne pouvait aller que bien.

« Oui, j’ai bien dormi cette nuit. Pour une fois, rajouta-t-il. »

Il ne pouvait s’empêcher de penser que l’absence de cauchemars cette nuit était due à la présence de Mélûna. Comme si la fée possédait un pouvoir capable d’annihiler les mauvaises pensées près d’elle.

« Du pain, du pain, c’est bon, je devrais pouvoir m’en rappeler et en trouver. C’est vrai, tu veux rester ? s’exclama l’elfe. Mais, c’est merveilleux. Ah, et puis, tu verras tu t’y habitueras toi aussi au monde extérieur. Et tu auras l’impression d’y être comme chez toi. Bon, je reviens. »

Jadis quitta la chambre et se dirigea vers la salle principale. Elle n’était pas encore envahie par une horde de consommateurs avinés ou non. L’elfe en fut soulagé. Trop de monde le mettait mal à l’aise. Il s’approcha du comptoir et demanda un petit déjeuner et spécifia qu’il voulait du pain avec.

L’aubergiste le toisa d’un air que Jadis prit pour hostile. Il disparut quelques instants de la vue du client. Pour réapparaitre avec la commande et bien sûr le pain. Jadis s’en empara non sans avoir auparavant céder ces dernières pièces. Il était à présent fauché, mais il avait de quoi manger.

Il retournait vers la chambre lorsque la porte de l’auberge s’ouvrit brutalement pour laisser entrer un vieil homme. Fier de son entrée théâtrale, il se dirigea vers une table et commanda à boire. Jadis remis de sa surprise se dirigea vers la chambre. Il fut soulagé d’un poids lorsqu’il entra dedans.

« Ca y est, j’ai à manger. Tiens, ils avaient encore du pain. »

L’elfe posa le pain près de Mélûna. Puis, il s’assit sur le lit pour savourer son repas.

[Encore désolé pour l'attente ^^ Je vais essayer de me faire plus présent.]

(( désolé, l'inspiration me fuyait !! ))

Mélûne aquiessa tranquillement, elle était tout à fait d'accord avec lui mais encore un peu trop fatiguée pour vraiment réagir. La nuit avait été courte, mais merveilleusement reposante ! C'était un étrange pléonasme à ses oreilles. Elle était très heureuse pour lui, qu'il ait passé également une bonne nuit la rassurait, elle se sentait bien avec lui même si elle ne le connaissait pas. A sa prochaine remarque elle répondit seulement avec un haussement d'épaule, et resta enore et toujours silencieuse, reposant son petit corps par terre. Elle se coucha sur le ventre en réfléchissant à ce qu'elle savait, lorsqu'elle entendit qu'il sortait de la pièce. Elle ne savait pas où elle en était ! Et elle méditait sur ce qu'elle venait d'entendre. Bientôt elle se sentirait comme chez elle. Cela avait été ses derniers mots ! Laissant son esprit vagabonder, elle pensait à son éducation, une fois, elle avait vu sur un bas relief un fragment de l'histoire féérique, un fragment de la vie des Fées déjà nées à ce moment là ! Elle y avait vu des dragons et des licornes magnifiques, ainsi qu'une faune et une flore abandondante, jusqu'à ce qu'un grand éclair rende le monde triste et malheureux. Cela avait été leur manière de montrer l'arrivée des Humains. C'était ainsi qu'elle le comprenait. Donc c'était normal qu'elle se sente comme chez elle, vu que ce l'était auparavant, que jamais son peuple ne s'était caché comme maintenant ! D'ailleurs elle espérait qu'une fois tout redeviendrait comme avant !

Un bruit de porte la sortit de ses pensées et elle sursauta nerveusement à l'approche de Jadis. Elle se releva et lui sourit s'approchant du bord de la table de nuit où elle venait de se reposer ! Elle acceuilli le morceau de pain avec un petit cri de joie et elle s'assit à côté de lui. Qui était inutile de le dire bien trop grand pour qu'elle puisse le manger toute seule !

- Merci beaucoup Jadis

Le remercia-t-elle d'un sourire avec son éternelle voix symapthique. Cassant un petit morceau elle commença à manger par petite morce. Ce n'avait pas le même goût que ce qu'elle avalait d'habitude, mais ce n'était pas mauvais, même loin de là ! Elle finit par lui demander encore.

- Qu'est-ce que tu vas faire après ?

Dit-elle d'une petite voix curieuse, elle, elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle ferait. Elle ne voulait pas partir mais peut-être le devait-elle. Ce monde était bien trop dangereux en ce moment même. Ce n'était pas la petite Mélûna qui pourrait faire la différence dans ce monde changé depuis si longtemps !