Recrutement [ Libre à tous / Ange ]

Après avoir quitté la salle du conseil, le jeune Ange portant le nom de Saël s'était empressé de quitter l'Empire angélique, prétextant une course à faire quelque part, un guérisseur à voir dans un autre petit village. Personne ne devait savoir ce qu'ils étaient en train de manigancer. Personne ne devait être au courant de tout cela, et rien ne devait pouvoir les rattacher à lui ou à son commanditaire. Si seulement il avait eu assez confiance en quelqu'un d'autre, Saël se serait fait une joie de déléguer son travail de recrutement, mais malheureusement à cette époque, on ne savait jamais à qui faire confiance, qui jouait un double jeu, qui cherchait à vous piéger, vous poignarder dans le dos.

Voici donc la raison qui l'avait poussé à faire tout le travail. Ne dit-on pas que l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même justement ? Le jeune Ange qui avait tout au plus vingt-six ans avait donc placardé des affiches dans les tavernes mal famées qu'il avait pu rencontrer. On ne cherchait pas des hommes en ordre, on cherchait des gens prêt à tout pour de l'argent, mais qui quand même obéirait et ne risquaient pas de rejoindre l'autre camp en plein milieu du combat ! C'était pourquoi sur ces fameuses affiches et par le bouche à oreille, il avait fait circulé le bruit d'un travail de mercenaire très bien payé, mais dont le rendez-vous se ferait sur la colline de la pleine lune. Une raison ? Décourager les faux jetons qui ne valaient pas la peine de perdre du temps avec.

Debout au sommet de la colline, il ne craignait en aucun cas d'être attaqué, étant persuadé que si cela arrivait il pourrait gagner. Peut-être légèrement trop sur de lui... Mais peu importait. Il regardait d'un oeil amical le soleil descendre à l'horizon, gardant sa main sur le manche de son épée pour réagir au plus vite si un intrus parvenait par ici et décidait par malheur de l'attaquer... Par malheur pour l'inconnu bien évidemment. Soupirant, il espérait que son petit plan marcherait, car il ne lui restait que huit jours pour tout organiser et avoir une milice à sa botte !

Pour lui, toute cette histoire avait commencée chez lui, un matin plutôt nuageux. Ascheriit se disait que, pour une fois, n'ayant rien à faire, il pourrait se poser pendant quelques heures. C'était sans compter le fait qu'un client arriva à l'aube devant sa porte, une capuche rabattue sur la tête, cachant les trois-quarts de son visage. Trois fois, les coups sur le bois de l'entrée se firent entendre. D'un "entrez" distrait, l'Ange triturait les maillons de la chaîne qui tenait son pendentif. Les pieds posés négligemment sur son bureau, les jambes tendues, totalement vautré dans son fauteuil, le jeune homme n'avait pas vraiment la tête à bosser. Son esprit voguait ailleurs, dans un lointain que seul lui pouvait rejoindre.

Quand la personne passa le pas de la porte, le démoniaque leva les yeux avec curiosité. Allons bon, si même les femmes de cet âge là s'y mettaient, où allait le monde? Ce n'était pas qu'avoir du travail le dérangeait, mais voir une demoiselle d'à peine 17 ans dans son bureau le surprenait particulièrement. D'autant plus que l'ayant déjà vue avec son père auparavant, il aurait pu jurer que jamais il ne la verrai pour un assassinat... Comme quoi, il pouvait se tromper, même en ce qui concernait son propre gagne-pain.

Se relevant afin d'avoir l'air un tantinet intéressé par ce qu'elle pourrait raconter -ce qui n'était pas vraiment le cas à ce moment là-, Ascheriit approuva chacune de ses demandes par un "hm hm", la regardant droit dans les yeux, sa capuche étant maintenant rabattue sur ses épaules. Pensant qu'elle avait maintenant fini, il s'adressa enfin à elle.

"Bien. Mademoiselle, je m'en occupe dès que possible. Ne me demandez pas de faire le plus rapidement possible, car vous l'aurez compris il y a quelques temps déjà, je ne suis à la botte de personne, et fais comme je l'entends, à chaque fois. Je vous promets juste que cela sera fait. Si c'est tout, alors merci de votre visite."

"Et bien, à vrai dire, en passant dans une taverne non loin de là, j'ai entendu quelques rumeurs concernant un travail qui pourrait vous intéresser. Un travail autre que celui de tueur à gages..."

Cette fois-ci, la demoiselle avait réussi à éveiller sa curiosité... Elle lui expliqua le plus en détails possible cette histoire de "mercenaire", parlant de l'argent comme argument principal. Et, bien que l'Ange n'avait pas l'habitude de ce genre de travail, l'appât du gain l'attirait plus que tout, et il décida donc de s'y rendre. Il verrait bien ce qu'il pourrait y trouver...

Avant le crépuscule, le démoniaque se dirigea vers le lieu de rendez-vous donné, la colline de la pleine lune. Il arriva à la nuit tombée. Ce qu'il remarqua tout d'abord, c'était le silence qui régnait. Puis, il le vit lui, cet homme tenu là, en haut de la colline. S'approchant tranquillement, il s'arrêta à quelques mètres de l'homme. Il hésita un moment sur ce qu'il devait dire. Finalement, il décida que le silence était la meilleure chose pour l'instant. Il attendrait bien de voir ce qu'on lui voulait exactelment.

Le temps filait tranquillement, presque ralentit par l'attente insoutenable d'homme prêt à tout pour se battre. Saël espérait vraiment que l'appât du gain ferait venir ici beaucoup de monde, enfin non ! Il ne lui fallait pas un grand nombre de personne, quelques uns suffirait si ceux ci étaient loyaux ! Loyauté, force, respect... Voici les caractéristiques principales que l'Ange aux grandes ailes blanches recherchaient pour créer son petit groupe de pression. Le temps devait devenir celui de la guerre, cette nouvelle aire devait être celle du triomphe des Anges sur les autres nations. Ils étaient supérieures ! Pourquoi ? De part leur sagesse premièrement, leur tactique d'attaque, leur supériorité en tout ! Et ils estimaient peut-être faussement qu'ils furent le premier peuple évolué à vivre sur ces terres. Que leurs ancêtres furent les premiers à développer certaines connaissances et de ce fait méritaient de gagner le respect et l'obéissance de tous les autres peuples primitif, formé après eux.

Mais tout ceci ne restait bien évidemment que des suppositions, car évidemment comme partout, chaque peuple estimait être le plus fort et mériter de gagner ! Ainsi allait la vie de conflit en conflit. Et là, les terres de Shaïny n'en avait pas vu depuis le repli des Fées dans leur petit royaume introuvable - existaient-elles encore ? personne ne pouvait réellement savoir -. Il en fallait une maintenant, ici et maintenant. Mais il ne fallait pas y mêler le peuple, pas tout de suite, pas avant d'avoir pris l'avantage.

Ouvrant son esprit, fermant les yeux et mettant en marche ses sens très développé - voilà le don de la nature qu'il avait reçu ! Très utile au combat nocturne et en général aussi -, touchant du bout des doigts chaque conscience qui approchait de son périmètre, les scrutant de l'intérieur, essayant de voir ce qu'ils avaient dans la tête. Mais malheureusement, il ne pouvait pas complètement les dominer car il ne voulait pas que quelqu'un remarque une intrusion. Alors il restait assez éloigné en périmètre sécurisé comme il le disait souvent. En plus de cela, fouiller la tête des gens pouvaient engendrer des problèmes pour le patient... Autant éviter tout cela avant de savoir exactement qui était prêt à faire quoi. Après il pourrait faire ce qu'il voudrait des "déchets" qui ne devaient pas repartir vivant pour alerter qui que ce soit de ce qui se tramait par ici. Six ou sept hommes étaient donc venu. Mais aucun d'eux ne semblaient avoir envie de s'approcher un peu plus de Saël qui se trouvait au sommet de la colline.

- N'ayez pas peur, je ne vais pas vous mangez. Je ne suis pas là pour ça. Je me présente : vous m'identifierez sous le nom : Commandant Neptune. Et si vous êtes là c'est pour servir votre patrie ! Nous devons agir contre les ténèbres qui enveloppent les Terres asservies par des sous-espèces...

Un léger toussement se fit entendre dans les rangs - enfin des rangs, c'était un peu trop vite dit, il n'y avait même pas dix hommes. Enfin, sept très fort en valaient bien plus normalement... Celui-là fit entendre sa voix pour dire.

- Hum Commandant, vous ne voudriez pas continuer votre discours ailleurs ? C'est.. la nuit et ici c'est...

S'approchant de lui assez menaçant de par sa carrure de guerrier aguerri, Saël s'approcha de celui qui avait osé lui couper la parole et qui en plus semblait mourir de peur dans ce lieu dit de La Pleine Lune, connue pour être un endroit de rassemblement des Lycans.

- Ne m'interrompez pas quand je parle ! Vous avez peur ? Très bien, vous n'avez rien à faire ici.

Saël se retourna comme pour repartir, puis l'homme reprit la parole, ce qu'il essaya de dire ne lui plaisait décidèment vraiment pas. Il avait tout l'air d'un traitre à sa race, ce qui expliqua le geste du commandant. Il dégaina son épée et la planta dans le coeur de l'autre Ange. Dégoulinant de sang, il la remit dans son étui retournant à sa place initiale, observant chaque Ange encore présent, il dit d'une voix forte.

- Il y a encore des réclamations de lâche dans son genre ? Si c'est le cas, vous savez ce qui vous attends !

En voyant les personnes rassemblées sur la colline, il fallait avouer qu'Ascheriit se disait que soit beaucoup étaient intéressés par cette histoire de "mercenaire", soit il se tramait quelque chose dont peu de gens avaient connaissance. Regardant les Anges présents un par un, un sourire étrange étira ses lèvres en une grimace condescendante. Ces êtres étaient pathétiques, tout autant que les autres. Comment pouvait-il haïr à ce point sa propre race? Nul ne le savait, mais ce qui était clair, c'est qu'il ne les portait pas dans son coeur.

L'homme au centre parla. Il s'agissait donc de servir sa partie. Le démoniaque se retint de cracher sur le sol pour montrer son dégoût des siens. Avec l'argent à la clé, il était plus intelligent de garder sa haine pour soi, de ne rien dire, et de faire ce qu'on lui demandait.

Ascheriit écouta l'homme qui interrompit celui qu'ils devraient appeler "Commandant Neptune" -Commandant? Allons bon...-, puis observa toute la scène suivante sans regarder autre chose. Un trouillard hein ? Que faisait-il donc ici ? La "Patrie" n'avait pas besoin de faibles... S'il avait pu, il l'aurait bien égorgé sur place, mais ce n'était pas pour cela qu'il était venu. C'est donc avec un plaisir non dissimulé qu'il fixa l'épée du commandant se plantant lentement dans le coeur du peureux, tachant le sol de son sang. Le sien se réchauffait à la vue du corps s'effondrant lentement mais sûrement sur l'herbe, se vidant peu à peu du liquide épais mais fluide rouge écarlate.

Le "Commandant" reprit la parole, cherchant à savoir si quelqu'un d'autre désirait s'exprimer. Tentant de se calmer et de retrouver son sang-froid, tout signe d'excitement chez le démoniaque disparaissant de son visage. Croisant les bras, il décida de patienter, afin qu'on lui dise finalement ce qu'on attendait exactement de lui. En espérant que les autres ne décident pas soudainement de tous interrompre celui pour qui ils étaient venus.

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